Eléments

mardi, avril 04, 2017

Après mûre réflexion, je déménage ici

Que je le veuille ou non, cet endroit ne me correspond plus ! 
J'ai recréé un blog plus simple dans sa forme pour que chaque mot puisse prendre toute la place qui lui incombe... J'espère que ça vous plaira.  

 

mercredi, juin 10, 2015

♪ Ordo Rosarius Equilibrio - Three Is An Orgy, Four Is Forever

Ils sont de cette espèce particulière, étrange alliage entre sévérité et bienveillance, exigence et générosite. Artisans du doute, les tendances dépressives de Schopenhauer en moins ; questionnant l'évidence du bien avec une précision chirurgicale déstabilisante a en chatouiller, a en égratigner les belles âmes pour dire "oui a la vie". Plongeant sur une cible avec la superbe d'un oiseau de proie pour mieux regagner les cieux, rassasies, repus d'une confrontation dont bientot fecondera une pensee renouvelee, printemps de la reflexion, qui n'est en fait toujours que de la réflexivité appliquée a des domaines de pensée differents.
Attenuant sans ciller sous les protestations culpabilisatrices l'humanisme par une dose resolument grande de pragmatisme, ils savent que ce dernier est, malgre les apparences, ce que l'inoculation d'un virus est a un vaccin, un mal pour un bien nécessaire. Et c'est precisement parce qu'ils voient toujours par dela le bien et le mal, par dela les apparences, qu'ils perseverent en eux-memes. C'est qu'ils ne sont pas avares d'efforts, sportifs dans l'âme ; c'est se ridiculiser que de se payer le culot de l'émancipation du confort de la pensee dominante, lorsqu'on est pas capable de tenir la distance par ses actes.
S'ils tiennent, s'ils continuent a nager a contre-courant, c'est parce que l'avenir finira par leur donner raison ; Les Socrate, les Tocqueville, les Nietzsche, les Frund, les Heidegger, les Cioran, les Murray, les Dumont, en somme ces penseurs ne cessant d'interroger des axiomes communement admis, quitte a servir de poil a gratter a l'intelligentsia et sa foi en un progrès dont l'aveuglement est a la mesure de sa laideur... Si tous ont persisté avec endurance dans leurs pronostics, si abracadabrantesques qu'ils purent paraître, c'est parce que tous se tenaient a une distance assez grande des agitations de surface du monde pour voir toujours plus loin et de façon toujours plus pénétrante, et ainsi pouvoir anticiper leurs ondes de choc. Disposant d'une vision assez englobante pour trier les informations de sorte a ne sélectionner que celles comportant un enjeu decisif pour l'avenir, celles-ci s'accumulent en une superposition dont émergeront les grandes tendances d'un phénomène d'une epoque donnée, de sorte a pouvoir remonter aisément a sa source du fait d'avoir su le synthétiser.
Avec un sang-froid n'ayant d'egal que l'amour brulant et indefectible de la vie, incarnée par l'intérêt général, ils savent mettre de cote les etats d'âme, hausser le ton ou ruser s'il le faut pour veiller sur l'Humanité.

♪ U2 - Ultraviolet (light my way)


Deux façons d’appréhender l’identité sont à distinguer : D’une part une façon encrée dans un rapport fragmentaire à la politique, et d’autre part une façon s’inscrivant dans un structuralisme bourdieusien par certains égards. La première consiste à défendre la préservation d’une identité et d’une civilisation communes en tant qu’entité ayant une valeur intrinsèque ainsi que traversée par des tendances qui ne lui sont liées que directement. Le courant de pensée national-libéral dans lequel s’inscrivait Jean-Marie Le Pen et dans lequel s’inscrit actuellement un dénommé Henry de Lesquen correspond à cette première vision. Il s’agit d’un courant de pensée populiste, dans la mesure où il consiste à vouloir résoudre des problèmes complexes au moyen de solutions simplistes, tant les variables politiques sur lesquelles elles se fondent sont indigentes par leur nombre. Exemple donc avec le phénomène auquel nous assistons de perte du sentiment d’appartenance identitaire : Un Henry de Lesquen nous dira que l’on règlera le problème en renvoyant les clandestins ainsi que les personnes d’origine allogène dans leur pays d’origine, ce qu’il appelle « réémigration ». Cette proposition, si elle constitue un élément de réponse honnête à la question brûlante de l’identité, ne pourra pourtant suffire. En effet, ce sentiment de perte d’appartenance, de désenracinnement comme le disent beaucoup ne peut être envisagé que sous l’unique prisme ethno-identitaire si l’on décide de faire preuve de deux grammes de bon sens et d’un tant soit peu de connaissances sociologiques ; il est à replacer dans un phénomène plus grand, à savoir celui de l’anomie déjà théorisé par Durkheim, qui peut se résumer par le fait de se sentir étranger à son propre environnement, celui-ci étant dans un état de chaos tel qu’il en devienne impossible de s’y projeter sereinement. Ce chaos n’est évidemment pas que le fait d’un immigration dérégulée, il est aussi le résultat d’une inversion des valeurs à côté desquelles les sociétés traditionnelles dont sont issus la plupart des clandestins s’échouant sur nos terre ont mille fois plus fière allure. Cette inversion des valeurs est désignée aussi par l’euphémisme de relativisme des valeurs, en ce que depuis l’avènement de l’ère industrielle et du capitalisme en Europe puis aux Etats-Unis, les valeurs traditionnelles qui fondaient nos sociétés se sont retrouvées mises au second plan au profit d’une valeur érigée en valeur suprême, qui est celle de la croissance économique. Cette valeur suprême qui fonde nos sociétés occidentales, au même titre la résorption de l’emballement migratoire auquel nous assistons, ne saurait évidemment à elle seule réhabiliter la cohésion sociale, la volonté de vivre ensemble que nous perdons un peu plus chaque jour, faute d’être en mesure de lui redonner un sens. Voilà entre autres pourquoi le discours qui consiste à dire qu’il suffit de recréer l’emploi pour éradiquer la délinquance n’est pas recevable.
Ce règne de l’argent comme inversion des valeurs aura pour conséquence non seulement de rendre absurde un vivre-ensemble dont l’équilibre ne reposera plus que sur la variable économique, mais par effet domino de l’assécher, en transformant le lieu public, jadis consacré aux événements fédérateurs en immense supermarché. De sorte à exacerber une tendance d’atomisation du lien social déjà prégnante avec le droitdelhommisme, puisqu’elle est, ne l’oublions pas, sa contrepartie naturelle.
Passer à la trappe tous ces tenants et aboutissants de la question identitaire, qui est une question large, en la réduisant à une simple nécessité de rétablissement d’une homogénéité culturelle et ethnique –et je le répète, il n’est pas question d’ignorer l’importance de cette dernière- relève pour moi de la démagogie, voire même de l’imposture politique et intellectuelle. En effet, comment peut-on se faire le chantre de la défense d’un vivre-ensemble apaisé tout en promouvant à la fois le modèle libéral qui a été à l’origine de sa déliquescence ? Car ne nous y trompons pas, le problème de l’identité, qu’on l’envisage sous le prisme culture, ethnique ou social a pour seul point de départ le capitalisme, dont le bras armé est le libéralisme et l’armée de réserve, l’immigration.
Des gens comme Henry de Lesquen ou Jean-Marie Le pen en son temps qui voudraient réconcilier identité et capitalisme sous la formule de « national-libéralisme » ne sont à considérer que comme les funèbres représentant du Tea Party en France ; sous leurs airs rebelles, ils font dans la pire démagogie qui soit en attribuant les problèmes d’identité aux seuls allogènes de sorte à défouler la haine à leur encontre et en promouvant un état minimal qui à terme, par la loi de la jungle qu’il engendrera pourrait bien causer encore plus de mal encore à l’identité que tous les allogènes d’Europe réunis sur le territoire français. En définitive, l’approche de ces gens consiste à dénoncer les effets dont ils chérissent trop les causes, à savoir la toute-puissance de l’argent, pour les remettre en cause. Ces bourgeois ne souhaitent au fond qu’une seule chose : Qu’on les débarrasse de cette immigration qui commence à se voir dans leur microcosme. Un enjeu esthétique, vous dis-je ; une fois réglé, ce sera chacun pour soi et Dieu pour tous, c’est qu’il reste un reliquat de moralité chrétienne au fin fond de leur coeur phagocytée par leur conscience de classe, éducation bourgeoise oblige. Ces gens ont tout simplement oublié de faire passer l’intérêt général avant leur conscience de classe, ce qui les rend indifférent aux enjeux qui ne le concerne pas.
La question identitaire est pourtant à envisager avec une grille de lecture structuraliste, en ce qu’elle est bien une question transversale, exigeant de mobiliser des domaines différents de la pensée politique, tout l’enjeu du national-socialisme au sens noble du terme.
A ce titre, l’identité d’un peuple ne puise pas sa valeur en elle-même, mais dans sa visée, qui est celle de la cohésion sociale ; l’homogénéité pour l’homogénéité n’a en effet aucun sens, c’est bien ce à quoi elle donnera lieu en terme politique qui lui en conférera un. A partir de là, l’homogénéité comme valeur intrinsèque que revendiquent des gens comme Henry de Lequen qui déconnectent pour ainsi dire la question identitaire des autre champs politiques, peu attentifs qu’ils sont au bien-être d’un pays dans sa globalité, n’a de vertu qu’esthétique, et non politique. Il s’agit en effet d’une sorte de fétichisme n’ayant rien à voir avec une quelconque démarche d’harmonisation du vivre-ensemble entendu comme une communauté nationale, non comme un ensemble de conglomérats de classe dont il s’agirait de défendre les intérêts.

mardi, avril 28, 2015

♭ CHERUBS - aRAb Strap

Kant a été le point de départ d’une révélation philosophique et politique fondamentale. A savoir l’existence d’une morale universelle (applicable en tout temps et en tout lieu) qui émanerait de la raison. Le fait que Kant ait réussi à dégager les fondements de l’injonction lancinante de justice sociale qui jalonne l’histoire fait l’objet de mon admiration. Je pense que cette injonction doit présider à l’établissement de toute politique digne de ce nom en tant qu’elle fasse partie intégrante de l’homme, (et ce pour des raisons qui semblent néanmoins relever du miracle !) Néanmoins, sa faute a été de considérer que seule la raison devait y présider, alors même que la sensibilité et les instincts font également partie du logiciel humain, de sorte à étendre l’utilisation de la raison à l’ensemble des sphères de la politique. Ce qui implique une vision purement rationnelle de la politique qui au prétexte de se faire le défenseur des seuls de l’homme devient paradoxalement déshumanisante. Ce travers dans lequel est tombé Kant et dans lequel tombent la plupart des philosophes, c’est celui qui consiste, sous l’impulsion d’une trop grande joie d’avoir découvert un schème logique, à le généraliser à l’ensemble d’un système de pensée. Si bien que le territoire, que recoupe la notion d’appartenance identitaire propre à la fois à la sensibilité (sens de la cohésion) et aux instincts (identification à un territoire donné) se retrouvera par exemple purement et simplement ignoré. C’est la raison pour laquelle je ne considère pas Kant comme pertinent pour ce qui concerne l’écologie. Du moins si on l’entend par écologie profonde, à savoir le fait de s’élever contre l’anthropocentrisme qui consiste à appréhender le monde en tant que simple objet de jouissance humaine. Cette façon d’étendre la rationalité à l’ensemble des domaines de la pensée, et même la notion de raison elle-même, ne sont en effet pas compatibles avec un respect des lois fondamentales de la nature à laquelle s’apparente l’écologie profonde. Car ce respect n’est pas à être envisagé en terme de morale humaine, mais en terme d’éthique, qui elle a vocation à mon sens à faire la jonction entre l’homme et son environnement de sorte à dépasser les particularités de son propre statut. D’où le fait d’ailleurs que l’on parle de bioéthique… Une fois cette vision englobante acquise, une politique écologique responsable pourra être instaurée dans le sens où elle prendra en compte l’ensemble des composantes d’un écosystème.

La contrepartie de la démocratisation accrue du bio, c'est évidemment qu'on assiste a son industrialisation, ce qui sonne comme un paradoxe... à juste titre. Si beaucoup pointent du doigt en effet ce marketing vert (souvent pour justifier le fait de rester les bras croisés, soyons clairs) je pense qu'il faille le considérer comme une phase de transition consistant a populariser la notion de consommation plus raisonnable (c'est un peu le même principe que l'agriculture raisonnée) en vue d'une troisième phase, qui consistera je l'espère en un basculement vers un changement radical : celui de la mise en place d'une politique localiste.
J'assume pleinement cette vocation d'endoctrinement que doit avoir l'école concernant les enjeux écologiques, en ce qu'il serait temps d'avoir en tête que choisir un modèle de société, ça n'est pas que le jour d'une échéance électorale, mais que cela s'apparente a une lutte au quotidien : Chacun de nos achats conditionnant ce modèle, a plus forte raison dans un contexte économique de concurrence marchande féroce. D'ici a 2022, lorsque le FN accèdera au pouvoir et rétablira l'équilibre entre intérêt général dont une politique patriotique (et donc localiste) serait garante et loi de l'offre et de la demande, nous devons nous servir de cette dernière pour peser de tout notre poids de commacteurs sur la grande distribution de façon a préparer le terrain pour les actuelles et futures générations.

Lorsqu’un croyant me dit que je cherche encore, je réponds que j’ai trouvé que je cherchais. Le scepticisme peut se suffire à lui-même, et à plus forte raison lorsqu’il s’agit de métaphysique. J’ai une vision somme toute très plotinienne de cette dernière, en ce que je considère que la finitude de notre composition (terme beaucoup plus vague que celui d’âme vous le remarquerez) ne nous permette que d’intuitionner la force à l’origine du miracle de nos conditions de vie. A la manière d’un papillon attiré par le faisceau lumineux d’un réverbère, nous somme éblouis par la perfection de ces dernière sans pouvoir rendre commensurable pour autant ce qu’il en est de ce qui l’a impulsé de facto. Ce vertige est peut-être à la mesure de son objet. Tolstoï dans sa confession aura une image très parlante à cet égard : C’est comme si nous contemplions le ciel et avions la sensation d’y tomber. De sorte que dans cette chute, nous cherchions désespérément des choses auxquelles se raccrocher. Métaphore de la religion en tant qu’elle consiste à s’autopersuader d’une vision claire et distincte de la cause ultime de ce qui est d’une trop grande structuration et d’une trop grande beauté pour être le fait d’un hasard statistiquement probable, même à l’échelle de l’espace-temps du cosmos. Autopersuasion de pouvoir appréhender cette cause ultime pour sauver sa peau du doute comme on dirait ostensiblement à qui veut l’entendre « Dieu est un pote à moi ». Voilà à quoi ce résume la grâce de cette démarche.
Cette Terre, c’est grâce à elle que nous ne tombons pas dans le ciel. Elle qui recèle la vie, nous offrant ainsi le prisme par lequel appréhender toutes les questions sous-tendues par ce texte. Sans elle, Dieu ne saurait exister dans nos esprits, de sorte que nous inférons son existence par son biais. Seulement, on ne saurait se permettre de prétendre connaître et encore moins d’aimer un artiste par son oeuvre, si ce n’est l’une d’elles. Humilité, que diable !
Dans ce contexte, l’écologie représente pour moi ni plus ni moins que la meilleure religion qui soit pour nous, humains. Elle est le rapport le plus sincère que l’on puisse entretenir avec Dieu, dans la mesure où sans tomber dans une grandiloquente vulgarité consistant à fantasmer son existence elle se contente de rendre hommage à la nôtre, dont le sens tombe sous le sens. A ce titre, l’étrange adéquation avec la nature dont témoigne notre capacité à l’appréhender sous le prisme de l’esthétisme serait la meilleure preuve que le sens de la vie, humain qu’il est, réside en elle.


 

vendredi, janvier 30, 2015

♫ FADE TO RED - Midnight Juggernauts

Je ne suis pas républicaine. Je n’adhère ni l’anticléricalisme, ni au colonialisme de Jules Ferry. Le premier dogme dont il est question fait le jeu du capitalisme en cédant toute la place aux puissances marchandes du fait du vide sidéral qu’il laisse dans l’espace public, faute de repères culturels et civilisationnels communs dont une religion est le terreau sur lesquels un peuple peut se retrouver. Sans parler de l’individualisme abrutissant que ces puissances marchandes génèrent, empêchant toute cohésion de renaître de ses cendres. Quant au colonialisme, qui a consisté, sous couvert de promouvoir une langue nationale ayant été institutionnalisée elle-même à coups de butoir et les valeurs d’une gauche qualifiée d’opportuniste par tout historien qui se respecte à exploiter des peuples « obscurantistes », on voit les répercussions de cette volonté d’hégémonie occidentale lorsqu’elle est appliquée jusqu’au bout de sa logique par les Etats-Unis : uniformisation des cultures, chosification de la nature, multiplication de guerres d’intérêts parfois même au nom de ces deux premières… Voici les vertus de l’esprit de la francophonie et des lumières dans toute leur splendeur !
Pourquoi ne pas commémorer les 100 millions de morts du communisme ? Ce tintamarre sur la Shoah ne sert ni plus ni moins qu’à jeter le tabou sur la question de la nation, car si celle-ci revenait à être abordée de façon apaisée, alors c’est l’empire occidental entier tel que nous le connaissons qu’elle ferait vaciller… Et ses précieux électrons avec. (Israël, Qatar, Japon, Pologne, ect…)
Car le concept de nation est consubstantiel à celui de souverainisme en ce que plus un espace de gouvernance se réduit, plus le peuple qui l’habite est au fait de la politique qui s’y exerce et veut et peut de manière significative s’y impliquer en conséquence de sorte à rester maître chez lui : la liberté concertée. Ce qui cristallise ce phénomène de préservation de garde-fou de l’intérêt général et de repères communs, c’est donc bien le localisme.
Tout ça pour dire qu’il est grand temps, comme la Grèce le fit jadis, de mettre notre génie au service d’une remise des pendules paradigmatiques à l’heure des défis qui nous attendent… Osons enfin nous libérer des cages conceptualo-sémantiques scellées par l’amalgame historique, ou l’histoire se répètera.

Si nous sommes nombreux à le faire, les plateformes (think tank) que nous utiliserons à cet effet pourront permettre d’élaborer des concepts assez forts et des stratégies d’infiltration assez fines pour donner l'énergie et la longueur de vue nécessaires à chacun pour balayer le poussiéreux national-républicanisme en un rien de temps lorsque le FN arrivera au pouvoir.

vendredi, janvier 16, 2015

♪ Amanda BlanK - lOve song

Face aux manigances d’un Système supranational faisant de nous la chair à canon des luttes factices qu’il crée pour faire diversion d’une politique ultralibérale du fric ; Face à ce brouhaha chaotique dont l’organisation méticuleuse tient sur des bases précaires qui bientôt s’effondreront sur elles mêmes non sans dommages collatéraux, 
j’ai pris l’habitude de m’octroyer une fois par an quelques jours d’hibernation sociale.  
Déconnecter. Prévoir de ne rien prévoir.
Un besoin de laisser filer le temps entre ses doigts. Comme de l’eau qu’on aimerait sentir ruisseler indéfiniment sur le corps. Purge de fioritures impératives du quotidien. Bouffée d’air vivifiante. 
C'est à cette occasion, je refait corps avec la spiritualité en m’abreuvant de poésie et de musique.
 L’occasion d’ouvrir mes écoutilles à leurs messages ésotériques et fondamentaux. Câlin d’hiver avec la solitude d’où jailliront bientôt les premiers bourgeons d’une renaissance créative.
Mais cette année, en choisissant de ne pas me soumettre à une hypocrisie familiale devenue étouffante le 24 décembre, j’ai fait encore plus fort. Et cette solitude intense a été salvatrice. Une flamme dans l’obscurité. Se retrouver seule à un moment pareil, ce fut comme jeûner : Permettre de renouer avec l’essentiel et de gagner ainsi en humilité. 
Le solitaire est souvent désigné comme une sorte de déséquilibré mental : Une personne dont le comportement serait empreint d’un orgueil excessif ou d’une défiance. Cela peut évidemment s’avérer vrai dans un certain nombre de cas, mais ce serait faire 
montre d’une assez grossière conception de l’esprit humain que de préempter du fait 
que ces raisons de rechercher la solitude soient les seules.
Et pour cause, la solitude est une nécessité. C’est elle qui nous permet de puiser assez d’énergie en nous pour se confronter au monde social avec ses rivalités quotidiennes et les catastrophes politiques qui en découlent bien souvent. Ceux qui vivent perpétuellement entouré de gens qui leur susurrent à tour de rôle combien ils les aiment sont des faibles : Pendant qu’ils pataugent dans leur marre tiède de relations rassurantes ils n’ont pas à se confronter à l’adversité. 
Qu’elle vienne de l’extérieur comme d’eux-mêmes, d’ailleurs.
Car un tête à tête avec sa conscience demande déjà bien du courage : Comme si la force que l’on y puise se méritait.
Voir clair en ses traits de personnalité et en ses aspirations aussi laids soit-ils ; Une fois que la lumière crue de la lucidité les aura irradié, de sorte à atteindre le fond du fond, là où les plus subtils mensonges ont l’air ridicule, elle pourra se répercuter sur les parois de l’imagination en une foultitude d’ondes fractales créatrices… Se délester du maquillage normé qu’implique la présence d’autrui sera donc goûter à une légèreté indispensable au déploiement d’un anticonformisme 
faisant envisager les choses avec la fraîcheur d’une spontanéité renouvelée.
Du temps avec soi-même pour s’approprier des informations et laisser la réflexion qui les synthétisera infuser dans un recueillement réflexif : Tel est le rôle d’un isolat, et au niveau macroscopique, d’un peuple. La frontière n’est pas une coupure du monde car en amour, la présence vaut l’absence. A l’heure où elle est abolie, les flux, qui circulent sans obstacle majeur, ne peuvent plus faire l’objet d’une réflexivité, d’une transformation, et cette incapacité à avoir prise sur son environnement est voulue. Car en expropriant pour ainsi dire les citoyens du débat public, on en fait des consommateurs serviles, 
trop accaparés qu’ils sont par leur individualisme.
La solitude, en ce qu’elle isole du superflu, permet non seulement de remettre force et sacralité dans le rapport à ce qui nous entoure en privilégiant le qualitatif sur le quantitatif, mais encore de procéder à une introspection pouvant se révéler salutaire pour quiconque cherche à rendre fécond ce qui peut bien traverser son cerveau. Ces deux démarches rendront possible l’émergence d’une pensée englobante tout en restant critique, c'est-à-dire sans risque de dérives spéculatives. Une approche en définitive très « oiseau de proie » qui consiste à prendre du recul sur son environnement pour mieux fondre sur ses anomalies. 



Without solitude, Love will not stay long by your side.
Because Love needs to rest as well, so that it can journey through the heavens and reveal itself in other forms.
Without solitude, no plant or animal can survive, no soil can remain productive for any length of time, no child can learn about life, no artist can create, no work can grow and be transformed.
Solitude is not the absence of Love, but its complement.
Solitude is not the absence of company, but the moment when our soul is free to speak to us and help us decide what to do with our life.

Therefore, blessed are those who do not fear solitude, who are not afraid of their own company, who are not always desperately looking for something to do, something to amuse themselves with, something to judge.
If you are never alone, you cannot know yourself.
And if you do not know yourself, you will begin to fear the void.

But the void does not exist. A vast world lies hidden in our soul, waiting to be discovered. There it is, with all its strength intact, but it is so new and so powerful that we are afraid to acknowledge its existence.
Just as Love is the divine condition, so solitude is the human condition. And for those who understand the miracle of life, those two states peacefully coexist.

Paulo Coelho

vendredi, décembre 26, 2014

lundi, décembre 22, 2014

♭ Agnès Obel - Words Are dead

Chez nous pas de sagesse, pas de folie.

Innombrables les sentences de vos sages, inépuisables les proverbes de vos fous.

Sur les lèvres de nos sages, rien qu’un sourire, une fleur de sourire, une neige de sourire – et dans les yeux de nos fous, même sourire, même fraîcheur.

Car nos sages et nos fous, ce sont les mêmes.

Nous avons écouté vos sages et nous les avons trouvés fatigués. Nous avons regardé vos fous et nous les avons trouvés tristes.

Tristesse et fatigue : un seul manteau, avec son envers, avec son endroit.

Tristesse – la fatigue qui entre dans l’âme.

Fatigue – la tristesse qui entre dans la chair.

La fatigue va en vous d’un pas léger, comme la jeune fille qui rentre après minuit dans la maison de ses parents : lorsque vous vous apercevez de sa présence, il est déjà trop tard, elle a déjà fait son lit dans votre cœur, elle a déjà serré votre pensée à l’amertume, comme la corde à son pendu.

Vos enfants ignorent cette fatigue. Il semble qu’elle ne vienne en vous qu’avec l’âge, nouée au chagrin comme le lierre à son arbre.

Nos saints ne font pas de miracles. Ils ne marchent pas sur le feu, ils ne commandent pas aux montagnes, ils ne tutoient pas le vent. Nos saints font mieux, bien mieux que des miracles : ils guérissent du chagrin, ils effacent toute lassitude.

Nous venons boire la joie limpide dans le creux de leurs mains.

Ni sentences, ni proverbes. Joie seulement, sourire seulement. Joie reposant dans sourire, sourire reposant dans joie.

Car chez nous point n’est besoin de mots : un sourire suffit – la rosée d’un sourire sur l’herbe d’un silence.

Car chez nous le contraire de la folie ce n’est pas la sagesse, mais la joie.




Chez nous le mot amour ne se dit pas. Il tremble, il frissonne, il vole, il plane, il est partout dans l’air – mais personne ne le dit.

C’est que chez nous la parole n’est pas comme chez vous une partie du monde, une île déserte dans l’océan du silence. Chez nous la parole est plus que le monde, plus que le ciel et le soleil. Elle est comme un petit morceau de Dieu, coincé entre les dents. On ne l’en déloge qu’avec prudence, et seulement pour les grandes occasions.

Quand l’un d’entre nous est atteint de langueur, il va chez son ami, c'est-à-dire chez le premier venu, car tous ici sont frères et sœurs. Il emmène avec lui une chaise de paille. Il s’assied à côté de son frère ou de sa sœur, il reste là sans dire un mot, le temps d’un jour, le temps d’une nuit, le temps d’un soleil et puis d’un autre soleil, jusqu’à ce que la langueur s’en soit allée avec lui. Alors il se lève, ramasse sa chaise de paille et s’en retourne à ses affaires.

Le mot amour, il faudrait un événement considérable pour qu’il vienne une seule fois à nos lèvres – et cela ne présagerait rien de bon.

Des savants ont écrit que, moins un mot était prononcé, plus il se faisait entendre, car, assuraient-ils,

Ce qui ne peut danser au bord des lèvres
-         S’en va hurler au fond de l’âme

Peut-être.

Des religieux ont écrit aussi que le silence où dort le mot amour était en nous comme un reste de paradis, un vestige de ce temps où les choses brillaient de n’être pas encore nommées, où l’ombre d’un nom ne couvrait pas encore l’éclat des choses.

Peut-être.

Un poète a écrit : Qui appelle son amour s’apprête à le tuer

Peut-être, peut-être, peut-être. Nous sommes d’accord avec ces théories et nous accueillons bien volontiers leurs contraires. Nous sommes gens très tolérants avec les idées. Nous les rangeons dans les livres, et nous rangeons les livres dans nos bibliothèques. Nous n’accordons tous nos soins qu’à la vie, au bel oiseau de vie. Les idées ne nous dérangent pas plus que les oiseaux empaillés. Nous laissons ceux qui le souhaitent en faire collection. C’est une manie bien innocente.

Bien sûr on a beaucoup écrit, beaucoup fait pleuvoir le mot amour sur le doux papier blanc. Bien sûr. Ecrire n’est pas dire, comme vous le savez.

C’était il y a longtemps. Une pluie de livre, un vrai déluge.

Depuis on a cessé. Depuis on a compris : pour bien écrire le mot amour, il y faudrait plus d’encre qu’il n’y a au monde.




Chez nous pas de prison. Nous avons, comme vous, nos assassins. Ils ne sont pas très nombreux, mais quand même, ils sont là. Mais de prison, aucune.

Les pierres qui recouvrent nos chemins sont tranquilles. Elles savent que jamais nous ne leur ferons l’injure de les serrer l’une contre l’autre dans des hauts murs, pour séparer le jour et la nuit, l’homme de son frère.

Je vous vois sourire. C’est le sourire de qui croit bien entendre et n’entend rien. Vous vous demandez ce que nous faisons de nos assassins, puisque nous ne les enfermons pas.

Nous ne sommes pas insensés. Nous savons que le tigre et l’agneau ne peuvent dormir dans le même pré. Là n’est pas la question. Il est dans la nature du tigre d’être tigre. Il est dans la nature de l’agneau d’être agneau. Mais il n’est pas dans la nature de l’assassin d’être assassin.

Celui qui donne la mort, c’est qu’il est déjà mort.
Celui qui tue, c’est par manque d’air.

Ceux qui font le mal, nous les appelons des « mal-respirants ».

Car chez nous tout est respiration, allée et venue de l’air dans la gorge, de Dieu dans l’air, du monde dans Dieu, échanges incessants, ondes continuelles, flux et reflux.

Nous ne punissons pas le criminel, nous l’aidons à rétablir en lui sa respiration naturelle.

Nous emmenons nos assassins dans la forêt. Nous leur demandons de prêter attention au bavardage des feuilles, à la récitation des sources et aux sentences du vent. Nous leur demandons de prendre leur temps, de ne rien oublier et de nous retrouver ensuite dans la clairière, pour tout nous raconter.

A leur retour, nous leur disons ceci : enfoncez-vous plus loin dans la forêt, là où le vert devient noir. Fermez les yeux. Ecoutez ce qui, en vous, est comme la feuille, comme la source, comme le vent.

Cette période-là est plus longue.

Au bout de que quelques mois le premier revient et recommence à chanter, dans le milieu de la clairière.

Car chez nous le chant est remède, le chant est lumière, le chant est vérité, pure respiration du vrai dans le vrai, de l’esprit dans l’esprit, du cœur dans le cœur.

Quand la voix de celui-là s’envole jusqu’au ciel, imposant le silence aux oiseaux alentour, alors nous savons qu’il est guéri, et bien guéri : plus de pierre sur le souffle, plus de cendre dans l’âme.

Bien sûr il y a des échecs. Certains s’égarent dans la forêt, ou en reviennent avec une voix de fauve.

Cela nous l’acceptons. Nous ne cherchons pas comme vous, à séparer le pur de l’impur. Nous savons qu’ils seront toujours un peu mélangés.

Nous ne sommes pas des anges – comme vous. 



Christian Bobin, La présence pure


♪ Spare Room - bass Drumm Death

La question de la souveraineté d’un peuple repose d’abord sur le concept de restriction d’intermédiaires entre le peuple et les élites sensées trancher sur les questions que pose le vivre-ensemble. Pour qu’une élite soit légitime quant à l’exercice de ce rôle, elle doit non seulement être au plus près du réel, c'est-à-dire de la contingence des attentes des citoyens qui remettent la représentation et la mise en application de leurs intérêts entre ses mains, mais détenir les leviers de cette mise en application.
Pour ce faire, encore faut-il que cette élite soit en « connexion » perpétuelle avec ce réel qui non seulement a des particularités contextuelles, mais qui évolue. Car comme le constate très bien l’africaniste Bernard Lugan, il ne s’agit pas, à l’instar des ONG que d’appliquer des règles universelles de justice au réel, encore faut-il qu’elles puissent viser leur cible légitime. Or la connaissance de cette cible ne repose que sur des informations empiriques qui doivent être réactualisées constamment. Le « ciblage » devant également s’effectuer en adéquation avec des codes culturels et des croyances locales pour qu’une justice ne souffre pas de malentendu et ne manque pas d’incarnation. Ce qui implique une gouvernance « bien de chez nous ».
Quant aux leviers de pouvoir qui permettront la mise en application de cette politique de bon sens, il y a près d’un demi siècle que nous les perdons un à un au fil de la progression atlantiste initiée par le plan Marshall. Ce superbe cheval de Troie nous a d’abord dépossédé de notre culture, de notre ordre de valeurs : on y a substitué le libertarisme soixanthuitard, le multiculturalisme et désormais tout un tas de revendications de frustrés sexuels – Mais après tout, comment s’étonner que les Etats-Unis enfantent de tels monstres idéologiques niant ainsi le réel ? Ce phénomène est presque psychanalytique dans la mesure où l’assumer serait de l’ordre du génocide mental pour un peuple dont les repères se sont construits sur la destruction du peuple amérindien, l’esclavage ou encore l’expansion des multinationales ayant servi de colonne vertébrale à la constitution américaine.- Hégémonie atlantiste ayant également gagné notre modèle économique et par voie de conséquence notre modèle social pour maintenant s’attaquer officiellement à notre indépendance militaire face à la structuration des BRICS.
Voilà en quoi consisterait le rétablissement d’un vrai souverainisme. Ici s’entend un souverainisme profond, ne reposant pas que sur les notions superficielles voire même aseptisées de contrat social ou de républicanisme, qui, en plus de ne pas forcément convenir à un contexte politique donné n’ont jamais été suffisantes pour souder un peuple.
La justice émane bien d’une morale intersubjective, c'est-à-dire universelle du point de vue humain. Comme l’a si bien constaté Kant, ce génie, la doctrine « Agis de telle façon que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle de la nature » est applicable en tout temps et en tout lieu et c’est vérifiable empiriquement puisqu’elle repose sur une notion de symétrie du rapport à autrui que l’on peut retrouver à travers nombre de cultures, philosophies et religions différentes. Cette symétrie peut se traduire très simplement en ces termes : « Ne fais pas à l’autre ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse. » La justice est donc applicable en tout temps et en tout lieu dans son rapport à autrui pris comme sujet rationnel digne de respect (et non à un proche, avec lequel un ordre de valeurs subjectif, propre aux relations interpersonnelles) en substance. En substance car la forme, la manière dont le principe de justice sera mis en musique n’a, contrairement à ce que prétend Rawls, pas vocation à découler d’un processus universel, car chaque peuple a sa manière culturelle particulière de le vivre. Les instruments qui présideront à l’application concrète de cette dernière devront être minutieusement choisis et maniés en fonction des fluctuations de l’histoire de ces peuples.
En deuxième lieu, ces instruments ne sont que des instruments ; Ils ne constituent pas une finalité, comme tout ceux qui passent leur temps à encenser la République veulent nous le faire croire, mais bien un moyen. Le moyen de structurer le vivre-ensemble d’un peuple et de réaliser ses ambitions, qu’elles se rapportent au domaine du rationnel comme du sensible, et c’est tout l’enjeu de cette époque. Car le tort des penseurs actuels de la neutralité politique comme Rawls n’a pas seulement été de plaquer sur une réalité changeante un unique modèle de mise en application de la justice, (formalisme) il a aussi été de faire de la politique quelque chose de purement rationnel, alors même que l’unité d’un peuple que ce modèle vise à conserver relève également d’une homogénéité culturelle et naturelle communes. Voilà en quoi un modèle de justice n’aura à ce titre pas à dicter à la réalité d’un peuple lui-même pris dans les contingences de l’histoire des principes qui se révéleront peut-être obsolètes demain, mais à s’adapter à elle en vue de perpétuer sa puissance.
La notion de « souverainisme profond » est également à considérer comme une incarnation au niveau macroscopique de la doctrine kantienne participant elle-même du respect de la biodiversité humaine. Il s’agirait donc bien de préserver cet ordonnancement mondial et initial de biodiversité naturelle en permettant des échanges entre les peuples dans le cadre d’intérêts variés tout en les limitant assez pour qu’ils n’interfèrent pas dans leur épanouissement respectif. Autant dire que la concurrence libre et non faussée imposée au sein de l’UE ou encore l’officialisation de l’assujettissement des états au secteur privé que nous réserve TAFTA sont aux antipodes du concept de souverainisme. Le colonialisme, comparable à une effraction qu’elle qu’en soit sa nature, serait également à proscrire à ce titre.
En résumé, le souverainisme profond est à considérer comme l’instrument théorique d’un principe de justice est universel libre d’appropriations politiques et culturelles diverses. Ce principe de justice est universel en ce que lui seul puisse garantir une coexistence respectueuse et loyale d’entités culturelles (peuples) en vue de la perpétuation de leur puissance respective elle-même garante d’un équilibre propre à une biodiversité humaine.


Le souverainisme pris en un sens général et non procédural et à géométrie constante, dans la mesure où il est consubstantiel à une politique localiste à l’écoute du réel, n’aura donc pas besoin du renfort de la démocratie pour pallier au risque de parasitage entre les intérêts d’un peuple et la mise en application du principe de justice par une élite. La connexion entre ces deux entités politiques est vouée à s’effectuer en ce qu’elle repose sur son caractère empirique ou devrais-je dire de justice incarnée. Que l’on ne s’y trompe pas : la vocation d’un pouvoir n’est pas de réinventer l’essence d’un principe de justice universel au grès des lubies d’un peuple. Celui-ci se révélant souvent plus attentif à des intérêts corporatistes voire même personnels qu’à ceux de la justice en raison d’une nature inéquitable et d’une impossibilité de démocratisation totale de la culture.

jeudi, novembre 13, 2014

♫ deUs - Is A robot


Je suis dans une recherche de synthèse entre particulier et universel. Pas qu'en politique, mais dans tous les domaines et particulièrement en ce qui concerne la spiritualité, puisque cette polarisation a vocation a être appliquée à l'ensemble de l'univers.

La faculté de connaître ne s’exerce que dans le cadre restreint de ce qu’un contexte ainsi que notre propre subjectivité nous donnent à voir. En conséquence, on n'aime jamais les choses que par l'entremise de ce que l'on connaît d'elles. Même si Dieu est en nous en tant que fragment de l'unité qu'il subsume, on ne peut l'aimer que par le biais du monde, car c’est à travers une interaction initiale avec l’environnement que son existence s’actualise en nous. Cette existence de Dieu n'est donc rien d'autre à nos yeux que la conscience de l'unité à laquelle participe le monde que nous-même en tant que matrice de cette conscience.

C'est ainsi que Dieu nous irrigue de sa vie, que l’on appelle aussi force créatrice par sa présence en chacune des particules du monde. Nul besoin de le chercher dans un ailleurs céleste, il est là, dans la nature. A ce titre, le plaisir que nous avons à contempler cette dernière est à considérer comme quelque chose qui est loin d'être anodin. En effet, si ce plaisir est possible, et rien ne lui est inégalable dans ce que l'homme a pu créer d'artificiel, c'est parce qu'il est le fruit d'une adéquation originelle entre notre sens de l'esthétique et la nature. L'art n'étant pour ainsi dire qu'un produit dérivé de la nature, une composition à partir d'elle, cette adéquation sera parasitée par le travail de la matière et le plaisir qu'il suscitera en sera affaibli ; Bien que dans nombre de cas il soit d’une intensité surprenante, puisque comme le constate Kant, l'art a vocation à imiter les subtilités de la nature et avec l'art moderne, à les évoquer. (d’où un attrait amoindri)

Il y a autant de nécessité à être doté de la capacité d'éprouver du plaisir à la vue de la nature qu'à celui de faire l'amour. Car le plaisir a dans ces deux cas une fonction motrice s’inscrivant dans la réalisation de finalités ayant un rapport plus ou moins étroit avec la vie. L’une comme ravivement de l’existence de Dieu existence en nous, l’autre comme perpétuation de l’espèce.

Les tribus d'indiens d'Amérique, qui sacralisaient leur lieu de vie en le percevant comme "terre mère" assumaient pleinement cette nécessité de réactualisation de ce lien originel. En vivant autant que leurs besoins de confort le permettait au plus près de la nature, ils n'essayaient pas de l'agrémenter de quoi que ce soit, ou pire de renier les règles qui président à ce lien comme actuellement. Le terme "communauté de l'être" utilisé par Francis Cousin est pertinent dans le sens où il renvoie selon moi à un concept d’unité dont la sacralité imprégnant toute culture commune est le ciment : Car la culture, qu’elle soit intellectuelle ou historique, s’inscrit bien dans une réhabilitation du lien originel en question. Il s'agit en effet d'une volonté instinctive de remettre de la spiritualité dans le vivre-ensemble et ce faisant reproduire l’interdépendance macroscopique qui règne dans l'univers (au sein d’une constellation ethnique) à laquelle chacun participe. C’est cela qui parachèvera la cohésion d'un peuple.

La communauté de l’être subsume en effet un peuple sous une unité qui fait sens au regard de la structure du monde et de l’univers, a contrario d’un libéralisme politique qui en empilant des unités individuelles ou issues d’autres peuples comme des cartes n’a pas vocation à aboutir à une harmonie cohérente ; L’unité en est pour ainsi dire tronquée par une absence d’interpénétration des membres du tout auquel elle renvoie elle-même due à une absence d’homogénéité.

La question de l’unité d'un peuple n'est en cela pas réductible à une question de substance ethnique. En fait, celle-ci n’est à vrai dire à considérer que comme son point de départ. D’elle émanera en effet une culture qui, en tendant à réactualiser le lien originel avec Dieu par la nature refermera la boucle. Particulier ethnique et universel théiste en seront ainsi réunis.


lundi, octobre 20, 2014

♪ Deer & Fox feat. - Mimu ClarA moto


L’art est un accès de voracité qui consiste se saisir goulûment la matière pour lui imprimer le sceau d’un imaginaire lancinant ou dans un registre plus expérimental, pour la livrer à un tâtonnement vers le beau. L’art est façonnement des sens, mais façonnement moins rationnel qu’empreint de vitalisme ; Un flux énergétique s’acheminant vers la restitution ou la création ex-nihilo d’une mathématique harmonieuse par des éléments du sensible. Une démarche n’ayant en définitive rien de commun avec l’art plastique dit « contemporain », précisément parce que ce dernier n’est pas art : En tant que transposition dans la matière de concepts, il s’inscrit dans un renversement de la démarche de création artistique, qui a son point d’encrage dans le sensible, et non le rationnel. Seule la transposition elle-même est susceptible d’être qualifiée d’artistique, dans la mesure où elle peut relever d’une technè dictée par l’intuition du beau (ce qu’on appelle communément feeling), par opposition au pragmatisme.

J’insiste de plus sur la notion de sophistication et de complexité, par opposition à celle d’abstraction. Car l’art abstrait n’est pas à considérer à l’instar de l’art plastique conceptuel comme une sorte de porte fermée dont l’imagination permettant à une œuvre d’entrer en résonance avec la sensibilité n’aurait pas les clefs faute d’une inadéquation cognitive de nature, mais bien au contraire comme une porte grande ouverte vers la résonance en question. Tellement ouverte, même, en terme de limitation des connotations le caractérisant que l’on se noie pour ainsi dire dans l’indicible en plaquant sur l’abstrait de la signification qui nous est propre. L’art abstrait a fait peur en son temps d’un point de vue artistique comme éthique par sa dimension hypnotique assumée. L’art abstrait se présente ouvertement comme une volonté de neutralité cognitive accrue où l’inconscient est renvoyé à lui-même dans un effet miroir. Mais la beauté de cette contemplation de soi, comme tout ce que le talent recèle, s’inscrit par-delà la morale. Pourvu qu’elle soit rendue possible !


Cependant, l’idée de l’œuvre reste inspirée de la résultante d’une association d’idées logiques -bien souvent politiques par ailleurs, puisque le projet d’art conceptuel s’inscrit dans celui plus large de nivellement relativiste de la gauche post-soixanthuitarde consistant à renier la notion de talent pour dire que nous serions tous des artistes en puissance, une énième conséquence de la substitution idéologique de l’inné par l’acquis en définitive- et non soumise à la contingence sensible d’un imaginaire. Voilà d’ailleurs pourquoi l’art plastique « contemporain » requiert une myriade de justifications où puiser sa légitimité : sans contextualisation, il ne peut faire sens, les idées qu’il se propose de véhiculer par trop sophistiquées pour être transmises par le processus d’imprégnation d’évocations qui caractérise la réception d’une œuvre. En effet, des idées trop développées, dont les nervures réflexives sont pour ainsi dire trop fines, ne peuvent être ramassées en une œuvre plastique impliquant une approche directe, conformément au sens qu’elle mobilise, la vue exclusivement. Une rapport en fait d’œil à œuvre qui seule initiera ou non un abandon à celle-ci, au même titre que deux hommes scelleront un relation de confiance par le regard.

lundi, juin 23, 2014

♫ (s)AINT - Marilyn Manson

La morale (éthique) se caractérise par trois traits fondamentaux : sa dimension absolue et en cela universelle, mystérieuse, et descendante. La morale est effectivement cette force qui s’impose irrésistiblement à l’homme par le truchement de sa raison pour impacter sur la Terre. Une force dont la puissance n’a d’égal que l’ignorance de sa provenance, et pour cause : Nous sommes dotés du libre-arbitre, l’aléatoire sans quoi le monde, pour ainsi dire pipé d’avance, serait absurde. L’art (esthétique), à l’inverse, est inductif. Puisqu’il naît des sens, des rêves et de l’imagination et d’une part de rationalité venant les « condenser » dans des œuvres, il a une dimension tout à fait aléatoire et en cela une provenance connue, ainsi qu’une vocation ascendante. L’art, en définitive, à partir d’une subjectivité va vouloir embrasser l’objectivité de l’univers par la voie des sens. Et c’est d’ailleurs bien ce saut dans le vide, ce caractère à la fois vain et audacieux qui confère à la démarche qu’il représente tant de beauté ; Quel que soit le degré de réussite de la démarche en question.
La morale, pour s’appliquer au réel, doit faire face à ce que l’on appelle obstacles, mais qui lui confèrent en fait tout son sens. Il s’agit des instincts avec lesquels elle se confronte, qui ne tendent qu’à la facilité, à savoir le plaisir instantané, ainsi que rien de moins que la vie, qui exige parfois d’elle qu’elle emprunte des voies sales et malodorantes. Ces dilemmes impliquent que la morale soit en quelque sorte tributaire du réel pour se réaliser, ce qui est à la fois source de souffrance et d’excitation, à l’inverse de l’existence des anges, ces âmes pure, qui doit être d’un ennui mortel, ne faisant l’objet d’aucun doute, d’aucune passion, donc d’aucun intérêt.

Car la passion est notre raison d’être sur Terre. Produit de notre réflexivité sur la souffrance naissant du doute, elle est la synthèse par excellence entre particulier et universel, car elle est l’incarnation par la subjectivité de l’homme de ses aspirations métaphysiques ; Ces questions cosmogoniques ou cosmologiques venant se heurter à la finitude de l’homme dans un flot de spéculations dont on intuitionne le caractère vain car spéculatif et qui donneront toujours à la pensée la teneur aigre-douce de l’inachevé… Kierkegaard choisi de l’assumer, et c’est pour cela qu’il se refusera par exemple à élaborer de quelconques systèmes philosophiques, par nature voués à se refermer sur eux-mêmes sans avoir pu embrasser toute la complexité de la nature.
Cette synthèse, que l’on peut aussi désigner par « toujours dans le jamais » se traduit de moult façons. Par ce que Kierkegaard appelle l’instant, l’éclat de vérité surgissant dans le néant de la temporalité. Ou encore par l’amour, absolutisme d’un idéal personnel s’incarnant dans les limites de ce que l’on peut connaître de quelqu’un, d’où le fait que tout rapport à l’autre soit voué à être en grande partie un malentendu, une projection de soi ; L’amour d’autrui comme miroir de soi-même, donc miroir aux alouettes. Cela éclaire peut-être un tant soit peu l’adage qui dit que l’amour authentique, c’est l’amour des imperfections de l’autre. La notion de leadership s’apparente elle aussi à la synthèse du particulier et de l’universel : On attend qu’un être faillible représente et fasse honneur à des idées empreintes d’immuabilité, du moins au yeux des hommes.

Bref, nous attendons de nous-mêmes et de la vie qu’elle nous apporte la passion nécessaire qui fera le lien entre immanence et transcendance, l’une légitimant l’autre. Et c’est parce que nous avons besoin de reconnaître l’universel dans le particulier pour donner un sens à ce dernier, et d’illustrer l’universel par les particularités du monde pour nous l’approprier que le fait de vivre se suffit lui-même. Vivre pleinement, que ce soit à travers la politique, l’amour que sais-je encore comme vecteurs de passion pour faire cohabiter ces deux fondamentaux. Non comme le font les croyants ou les êtres claquemurés dans leur égoïsme ou leur nihilisme en se vouant davantage à l’un qu’à l’autre, dont l’importance est la même. 

mardi, juin 03, 2014

♫ Smocking or not smocking ? - Alain Chamfort


Levi-Strauss constatait avec justesse que l’on ne pouvait hiérarchiser les races dans la mesure où l’on ne pouvait hiérarchiser les cultures qui en émanaient. Une civilisation, une culture ou une société, bref, un système complexe ordonnant la vie d’un groupe d’individus, recèle des éléments dont la fonction n'est pas forcément accessible avec la grille de lecture qui est la nôtre, si tant est qu’ils semblent similaires à ce que l’on peut connaître. En effet, même si en tant que membres d’une même espèce humaine, nous avons tous les mêmes aspirations, les particularités d’un environnement et les races qui en résulteront (fruit d'une adaptation) donneront lieu à des mises en œuvre différentes de ces aspirations innées. (besoins élémentaires pour les instincts, cohésion pour la sensibilité et justice pour la raison, la rationalité n'étant que le moyen d'application de ces trois choses) Si bien que les codes, les arts et les institutions d’un système complexe pourront tout au plus se rendre accessibles de façon rationnelle, dans la mesure où l'on peut évaluer la performance des éléments d'un système complexe en fonction de leur finalité, mais qu'il demeurera un aspect irréductible de l'entreprise anthropologique relevant du fait que ces éléments, bien qu'ils s'apparentent à la mise en oeuvre de mêmes besoins, s'expriment au sein de sensibilités particulières. Ce faisant ils ne revêtiront jamais la puissance symbolique que pourrait se figurer un individu n'ayant pas été élevé ou même immergé longuement au sein du microcosme en question. Cette part d'irrationnel, indispensable à toute cohésion d'un peuple, fait obstacle à une quelconque démarche de jugement de ce dernier car, échappant à la téléologie purement fonctionnaliste, elle ne saurait être objectivée.

Ce relativisme des cultures est non seulement une réalité de fait, mais aussi de droit puisqu’il prévient tout risque d’hégémonie. Mais diversité et curiosité du monde tendent à être absorbés par un colonialisme de la pensée impulsé par les lumières et appelé « droits de l’homme ». Cette célébration des libertés individuelles, utilitarisme des rapports humains se donnant bonne conscience en se drapant d’humanisme a mis et continue de mettre à mal l’expression de la richesse humaine dans sa diversité sur bien des plans. Elle irradia d’abord l’Europe sur le plan intellectuel avant de connaître un fort retentissement en Angleterre, berceau du capitalisme et de la mise en magasin des matières premières, puis en Amérique sur le plan économique avec l’avènement des multinationales. Cette idéologie, qui a pour objectif premier le profit, s’attaque maintenant au reste de monde avec l’ensemble des armes évoquées précédemment, à la différence du fait qu’elles aient désormais l’urbanisation comme vecteur de déploiement (Exemple frappant avec l'Ecole de Chicago, qui s'est servi de l'explosion démographique des Etats-Unis pour faire naître l'idéologie libéralo-libertaire sous couvert d'investigation journalistique...) et la diplomatie pour légitimer rationnellement ce néocolonialisme en forme d'exportation du consumérisme.
Le dénominateur commun de ce qui est qualifié communément de progrès, de « progressisme » ou encore d'« avancée technique », est comme l’a si bien constaté Norbert Elias la notion d’autocontrôle. Ce qui peut sembler paradoxal s’éclaire lorsqu’on prend le temps d’en dérouler la logique : Si le concept d’extension infinie des droits servira de moteur à une aseptisation des mœurs toujours plus grande, c’est parce que comme évoqué précédemment, il est mis au service d’une vision rationaliste des rapports interpersonnels et politiques. 
Depuis la société de cour, cet utilitarisme qui se drape dans des discours de liberté a été la condition de possibilité des normes sociales occidentales et a été ensuite transposé à l’ensemble de l’environnement, de façon à aboutir aux multiples problèmes écologiques que l’on connaît actuellement. Cette appropriation du monde par l’utilitarisme que sous-tend ce que l’on appelle « mondialisation » est en fait son accaparement par le mondialisme, à savoir sa standardisation par la technique, et plus particulièrement la maritimisation. Norbert Elias était un paneuropéen, dans la mesure où il attribuait le nom de « civilisation » à ce façonnement ultrarationnel du monde à marche forcée, c'est-à-dire imposé par le modèle de libéralisme économique qui n’a cessé de se développer depuis 1550/1600 à Venise, si l’on en croit Fernand Braudel. Cette vision évolutionniste –comme toutes les visions évolutionnistes au demeurant- peut être qualifiée d’ethnocentrée, dans la mesure où elle reproduit le schéma de pensée indiqué précédemment consistant à plaquer sur le monde un modèle de fonctionnement idéal ou vécu indépendamment de la finalité qu’un peuple se proposerait de réaliser ainsi que d’un environnement donné.

Nous nous retrouvons donc face au défi de protéger la biodiversité, qu’elle se rapporte à l’environnement comme à l’humanité. La protéger n’est pas encourager sa dissolution dans un gloubiboulga se voulant homogène appelé « multiculturalisme ». Gloubiboulga qui ne fonctionne pas pour deux raisons fondamentales ; le fait que l’altérité ne peut être féconde dans la violence de son imposition ainsi que l’artifice de cette altérité, puisqu’il y a inadéquation entre la nature d’un peuple importé et un territoire donné, de la même façon qu’un Baobab ne saurait prendre racines dans une prairie normande.
Ce concept de biodiversité doit s’appliquer aux cultures comme aux idéologies. D’aucuns diront que c’est la démocratie qui est sa condition nécessaire de réalisation ; Le fait de laisser les forces s’exprimer dans un système complexe en toute indépendance et les laisser se confronter « à la loyale ». Cette conception est au vivre-ensemble intellectuel ce que le multiculturalisme est au vivre-ensemble, à savoir un suicide collectif. Non pas cette fois-ci à cause de ses fondements, mais de ses implications, à savoir un nivellement des valeurs impliquant leur submersion par la complaisance passive et béate et la désacralisation de l’espace commun. Les présupposés de justice par lesquels sont régis chaque système complexe doivent donc avoir des modalités d'application à la fois sensibles (culture) et rationnelles (idéologie) résultant de l’environnement particulier auquel ils s’appliquent, de la même façon que la culture émane de la nature. Il s'agit de prôner une diversité idéologique relative à un environnement donné qui conférerait à des forces qui s'affrontent un même degré de « l'à-propos » et ainsi un même degré de légitimité. L’universel, qui se traduit comme on l’a vu par un relativisme culturel et idéologique, n’a donc vocation qu’à subsumer le particulier, et non le remplacer.
L’idéologie des lumières avait pourtant su donner un bel exemple de l’équilibre entre individu et société, entre particulier et universel… Jusqu’à ce qu’elle vire à l’obsession de l’universel en se donnant pour ambition de plaquer sa conception unificatrice de l’Homme aux déclinaisons de son être par définition pourtant particulières, c'est-à-dire propres à un environnement donné et à des contingences historiques.

jeudi, mai 01, 2014

♭ BAxter Dury - HotEl In Brixton






mardi, avril 01, 2014

♫ Bocca Di Rosa - Petra Magoni & Ferrucio Spinetti


« L’avènement de la démocratie se produit à mon avis lorsque les pauvres, forts de leur victoire, exterminent les uns, bannissent les autres, et partagent également avec ceux qui restent le pouvoir politique et les responsabilités de gouverner. Le plus souvent même, dans la cité démocratique, ces responsabilités sont tirées au sort. »

Cet extrait de La République de Platon résume à lui seul toute l’idée que je me fais de la démocratie, mais aussi celle que je me fais de l’éternel recommencement de l’histoire. 
Commençons par la première idée. La démocratie est l’expression institutionnelle du relativisme. En donnant à chacun le potentiel pouvoir de peser sur la vie publique, elle noie les valeurs suprêmes dans le gloubiboulga des lubies, réduisant ainsi d’emblée leur importance et donc leur capacité de l’emporter face à elles. De graves préjudice à la morale ou même à une quelconque doctrine d’inspiration nietzschéenne plaçant un certain état d’esprit au sommum d’une adéquation avec la vie naissent à coup sûr de ce système qui a oublié que précisément tous ne sont pas égaux face à la nature et ce faisant ne peuvent la défendre. Non, contrairement à ce que nous disent les héritiers de la « french théorie », et particulièrement de Sartre, la culture ne prime pas sur la nature, je dirais même que c’est l’inverse. Il n’y a qu’à observer les nombreuses expériences sur le genre qui ont déjà été menées pour s’en convaincre. De plus, comme le constatait Nietzsche, nous sommes conditionnés par la physiologie de notre corps. Sans tomber dans des dérives eugénistes pour le coup contre-nature, il conviendrait donc de prendre en compte ces deux facteurs, de sorte à extraire de la population des personnes en mesure par leur patrimoine génétique intellectuel et physique d’apporter des solutions et des systèmes de régulation morales ou du moins adaptés à des situations pour les empiristes acharnés. Seulement avec la démocratie, ce qui donne son horizon à la façon dont une nature humaine doit s’envisager par rapport à ses semblables ainsi qu’au reste de la nature s’en trouve réduit à une affaire de lobbying.

Ce nivellement intellectuel par le bas, donc, entraîne pour sûr le reste dans sa chute. D’où le fait que Weber parle d’un désenchantement du monde propre aux sociétés modernes. (Comprenez « sociétés occidentales et démocratiques »…) En effet, la démocratie implique le libéralisme, c'est-à-dire une extension infinie des droits incompatible avec la sensibilité exacerbée que requiert la notion de contrastes émotionnels. Je m’explique : Compte tenu de l’inclination naturelle de la nature humaine à l’égoïsme, c'est-à-dire tout simplement à l’expression débridée des instincts, lui laisser le champ libre par la démocratie impliquera que ces instincts gagneront continuellement du terrain, de sorte à instrumentaliser l’environnement. (Que cela se traduise par un océan de plastique dans le pacifique nord ou par une « gadgetisation » de l’enfant)
Il est en fait question d’une ultrarationalisation de l’environnement qui en aseptisant des pratiques culturelles par l’autocontrôle (Norbert Hélias en parle très bien) qu’elle induit leur fera perdre leur sens de sorte à les éliminer à long terme. La laïcité exemplifie cette tendance.
Mais la démocratie dans son essence nivelante même annihile le simple processus de contrastes émotionnels à l’origine de toute sensibilité. D’où l’addiction aux jeux vidéo et autres écrans tactiles ainsi que le succès des manèges à sensation, autant de phénomènes qui traduisent un besoin de stimuli comme compensation d’un manque d’exercice de la sensibilité.
Nous en revenons donc à ce qui a été dit dans l’article précédent : Contrairement aux autres espèces, c’est à l’homme de s’autoréguler. S’autoréguler pour que cette instrumentalisation de l’environnement, c'est-à-dire la rationalité mise au service des instincts ne détruise pas notre système de valeurs et la sensibilité qui en découle.


La deuxième idée s’apparente au phénomène de basculement d’une force à l’autre qui rythme la politique donc a fortiori l’histoire depuis toujours. Dans l’extrait, cela s’illustre par le fait que les pauvres prennent l’ascendant sur les oligarques et dans cet élan les tuent. Si le bipartisme à l’américaine est actuellement dénoncé dans les sphères dissidentes, qu’elles se réclament de l’extrême droite ou de l’extrême gauche, ça n’est pas en vertu de sa nature, mais de la façon dont il s’exerce. Le bipartisme UMP-PS pour prendre l’exemple de la France devient impopulaire parce qu’il ne représente plus l’affrontement de deux forces, s’apparentant comme on le sait à une seule et même doctrine libérale, et donc libéralo-libertaire puisque l’un ouvrant la voie à l’autre comme l’analyse très justement Michéa. Dans ce cadre, la montée du FN apparaît comme légitime dans le sens où elle est sur l’échiquier politique l’expression la plus radicale possible d’un contre-pouvoir en mesure de faire bloc. Mais, j’aurais très bien pu prendre l’exemple d’une hégémonie américaine en place depuis 60 ans donnant actuellement lieu à un sévère retour de manivelle russe sur la scène géostratégique internationale, et d’autant plus idéologiquement, puisque outre les enjeux monopolistiques, on a affaire à ce qu’Aymeric Chauprade qualifie très justement de lutte entre matérialisme et traditionalisme. On a affaire à l’éternelle lutte politique de ceux qui érigent l’individu en valeur suprême et ceux qui lui préfère la transcendance morale ou communautaire.

Kant a essayé de réconcilier individu et bien commun sans grand succès. S’il a très bien identifié et décrit la rectitude avec laquelle la morale s’impose à l’esprit, son erreur a été de ne pas prendre en compte la réalité dans laquelle cette morale s’inscrit nécessairement. De sorte qu’elle ait vocation à se plaquer à cette réalité sans en épouser les subtilités, ce qui crée une dissonance entre ces deux éléments. Voilà pourquoi il est toujours plus approprié de parler de bon sens plutôt que de morale qui implique la notion de pureté, d’absence de mélange. Notons également que cette absence de nuance dans la pratique de la morale a légitimé les philosophies dégénérées de Rawls ou d’Habermas ayant fait d’elle un hideux outil « progressiste » visant à la conquête de l’individu du plus de droits possible au prétexte que c’est ce que tous voudrait vouloir. Certainement pas Kant, en tout cas…Et c’est la raison pour laquelle il n’est pas allé jusqu’au bout de sa logique concernant son projet de paix perpétuelle assurée par un gouvernement mondial.
Si le jeu politique est voué à être binaire, toute action dissidente a vocation à en contrebalancer une autre de sorte à l’annuler. Mais cette raison de compensation d’une force par une autre au sein d’un processus naturel de régulation n'est pas sa seule explication. C’est aussi parce que l’homme, tiraillé qu’il est entre raison, sensibilité et instincts est incapable de s’objectiver assez pour tenir une ligne de crête entre deux blocs de pouvoir qui s’affrontent, quand il n’adopte pas délibérément des positions dénuées de nuances (ou extrémistes). Il s’en trouvera donc comme magnétisé par l’un ou l’autre bloc de pouvoir selon sa sensibilité politique, sa culture, ect. Magnétisme dont les effets auront évidemment tendance à s’intensifier lorsque l’individu n’est pas confronté à l’altérité, et c’est pour cela que la plupart des groupuscules politiques ne véhiculent pas des idées équilibrées, produits pour ainsi dire d’une macération extrémiste savamment entretenue par leur affranchissement de la société et des critères de sélection subjectifs et en grand nombre. Ici est donc à distinguer « radicalité » et « extrémisme ». La première démarche relevant du simple équilibrage des forces contraires quand l’autre consiste à exclure tout ce qui ne proviendrait pas de son logiciel de pensée.

En effet, opposer une force à une autre n’implique pas systématiquement de rejeter cette dernière, puisqu’affirmer sa propre force implique de lui donner les moyens d’exister et de se déployer en la nourrissant de diversité, donc de forces adverses. Chaque force recèle sa part de lumière à partir de laquelle naîtra une part d’ombre, délicieux caprice de toute subjectivité qui est loin de tendre à la vérité.
Il s’agit donc pour des élites dignes de ce nom de compenser la force d’une hégémonie par une autre tout en le faisant de façon assez dépassionnée pour anticiper les dommages collatéraux inverses qu’impliquerait l’émergence de cette deuxième force. Pour cela, il s’agit d’entretenir une certaine multipolarité, biodiversité au sein de l’opposition. Une démocratie dont le danger de nuisance serait cadenassé par la capacité des élites en question à s’objectiver ainsi que par un microclimat au cap idéologique clairement défini. « Suivre sa pente tout en la remontant », comme le disait Marguerite Duras.

Ancien Base