A l'heure où nos valeurs sont remises en cause dans le cadre du démantèlement de notre culture commune, nous sommes appelés à nous construire par nous-mêmes. L'heure n'est plus aux héros populaires. La technologie, sommum du cool et signe de réussite sociale véhiculé par la pub, a donc vocation à nous magnifier.
La nouvelle technologie,
en plus de receler capacité de contrôle et aura de savoir, voudrait
également être un art. Ainsi elle revêt une apparence jouant avec
les textures, les couleurs et les proportions au même titre que
n’importe quelle création artistique. L’on en oublierait presque
sa vocation utilitaire, notamment avec le téléphone portable qui en
plus d’être multifonction est devenu intrinsèquement désirable
par son aspect toujours plus futuriste. C’est comme s’il y avait
une volonté de nous projeter dans une autre époque, surpassant le
surréalisme des années 20 dans son approche nouvelle de
questionnement quant à l‘esthétique. Nous avons dépassé le
stade de la provocation avec l’urinoir de Marcel Duchamps : La
publicité a dépassé le concept de musée en présentant l’objet
avec un soin rendu possible par une sophistication propre à la
nouvelle technologie qui finie par s’apparenter à de l’art.
De plus, l’objet de
notre quotidien présenté comme ayant une valeur artistique en
posséderait véritablement une. Preuve en est l’engouement actuel
pour le changement régulier de téléphone portable. Ce changement
qui vise à l’actualisation domestique de l’avancée
technologique repose également sur la considération que son
apparence la traduirait. Ce luxe suprême de représentation
détaillée du savoir fait de la machine un signe de richesse. L’art
contemporain qu’est la technologie domestique n’émane donc plus
du traditionnel façonnement des sens, mais de cet objectif de
représentation. Enfin, visionner les
dernières publicités pour appareils photo nous amène à constater
que la technologie peut tendre à être un nouvel art de vivre. En
effet, elle y est toujours présentée comme pouvant nous apporter le supplément d’appréciation d’un moment « unique »
lors de sa capture. Celle-ci nous permettrait de percevoir ce moment
sous un angle optimalisé voire même différent, selon les
paramétrages effectués de l‘appareil : Il s’agit de nous offrir un prisme de vie que l’on peut singulariser pour ainsi dire à
l’infini selon ses sens, comme on rajouterait une touche de violet
sur une toile. L’on peut considérer cette démarche comme une
autre façon d’oublier le propre de la technologie : la
standardisation dans tout ce qu’elle a de répétitif et
d’impersonnel.