Eléments

vendredi, décembre 17, 2010

♫ An Pierlé - Sing Song Sally

« (...)Le dire sur-le-champ m'eût fait perdre la bataille, en le portant à croire qu'il m'avait rendue jalouse. Il aurait cru marquer un point alors qu'on en était au solde de tout compte. Tandis qu'il continuait ses prudentes roucoulades, j'allai me rajuster dans la salle de bains cherchant une sortie, un mot de la fin irrémédiable. Je supputais, remaquillée, en me coiffant, quand je me vis comme dans un ballet, dans un beau mouvement de bras, saisir une bouteille d'eau de Cologne. Je la laissai tomber de très haut dans le lavabo, en ouvrant à peine les doigts. L'aftershave, je le lançai adroitement au centre de la baignoire et le shampooing dans le bac de la douche. Les tubes de dentifrice, les bombes à raser furent soigneusement vidés en arabesques sur les miroirs et le sol. Le verre à dents éclata au milieu du carrelage. J'entendais distinctement à travers ce fracas cristallin la voix qui s'étranglait, précipitait des adieux un peu bâclés pour quelqu'un qui avait joué à se prétendre seul et ne pouvait, au milieu de la nuit, dire qu'on sonnait à la porte pour expliquer un fond sonore de "saloon" envahi par l'équipe sauvage des Vandales du Grand Ouest.
Comme "le jour de la rentrée des classes" je balayai, hors de toutes les étagères, miroirs, brosses, rasoirs, savons. Les serviettes volaient dans ce carnage vulgaire grâce auquel je m'appliquais à abolir toutes nos élégances "cool".
De plus en plus souriante au centre du massacre, je réapparus 
dans la chambre, comme on entrerait en scène, la traversai, faisant glisser
 la traîne d'une robe imaginaire et finis par claquer la porte d'entrée 
dans une belle envolée. Un baisser de rideau. »

France Roche, Péché mortel

mardi, octobre 26, 2010

♫ Where is my mind? - PIXIES

.Informatique & internet sont à double-tranchant. Ils sont source d'ouverture de par leur facilité d'utilisation et leur éclectisme mais paradoxalement, de rejet. La toile recueille une telle multiplicité de connaissances qu'elle est en mesure de cibler tous les secteurs sociaux, même par son coût décroissant qui en devient abordable. (Les grands distributeurs de matériel informatique se réjouissant de l'invention du crédit revolving en parallèle.) Ce phénomène de popularisation d'internet en a d'ailleurs créé un autre presque dans la foulée avec l'instauration de logiciels de discussion, de création de blogs et autres "socials networks". Les grands groupes ont suivi le mouvement; Désormais, on partage instantanément ses informations avec l'autre. Pratique ? Pas tant que ça.
Baudrillard, sociologue, a démontré par exemple que les gens avaient tendance à ne percevoir leurs nano machines non pas comme moyen 
d'enrichissement, mais comme finalité; Les 15-30 ans seraient les principaux
 concernés: ils "fétichisent" pour ainsi dire leurs Iphones ect.. en oubliant le
 pourquoi de leur existence. L'écran hypnotisant ferait donc obstacle à toute
 volonté de contact extérieur.
Es'enfermandanl'engouemendu gadget tant convoité
ils mettenl'exhibition à l'honneur, faute de matière.

mercredi, octobre 20, 2010

♫ MArianne FaIthfull - THe PLeasure Song

Quand les gens se font plus bêtes qu'ils ne le sont et que la folie de tout foutre en l'air me guette, je pense à lui; Ca fait deux ans que je n'y suis pas allée, que je ne me suis pas retrouvée face à son ubuesque immensité.
 Je veux m'engouffrer dans les vagues landaises. (Ou, à la limite, dans les bras d'un mâle.)
« L'équipage  se promène sur le pont d'un pas tremblant et inquiet; mais il y a dans toutes les physionomies une expression qui ressemble plutôt à l'ardeur de l'espérance qu'à l'apathie du désespoir. Cependant nous avons toujours le vent arrière, et, comme nous portons une masse de toile, le navire s'enlève quelquefois en grand hors de la mer. Oh ! horreur sur horreur ! -la glace s'ouvre soudainement à droite et à gauche, et nous tournons vertigineusement dans d'immenses cercles concentriques, tout autour des bords d'un gigantesque amphithéâtre, dont les murs perdent leur sommet dans les ténèbres et l'espace. Mais il ne me reste que peu de temps pour rêver à ma destinée ! Les cercles se rétrécissent rapidement,- nous plongeons follement dans l'étreinte du tourbillon,
 -et, à travers le mugissement, le beuglement et le détonnement  de l'Océan et de la tempête,
 le navire tremble, -ô dieu !- il se dérobe, -il sombre ! »
Edgar Poe, Histoires Extraordinaires

mercredi, octobre 06, 2010

♫ the cranberries - louD and clEAR

«C'était presque l'été. Comme nous longions la grille de la maison du lierre, je me suis arrêté. J'ai désigné à Malika, parmi les herbes folles, l'allée mangée par le chiendent, la tonnelle envahie d'aubépine, et, là-bas, l'inextricable buisson sous lequel dorment à présent les ruines du pavillon.
(...) J'ai aperçu quelques pâquerettes qui poussaient dans le vieux jardin abandonné. J'ai glissé la main entre deux barreaux pour en cueillir une.
(...) -Je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout. Je t'aime...
A la fin, je l'avoue, j'ai arraché trois pétales d'un coup et j'ai crié : Beaucoup !
-Non, a protesté Malika en riant. Tu as triché ! Tu m'aimes à la folie !
J'ai secoué la tête, aussi sérieux que têtu.
Comme elle semblait déçue, je lui ai donné une autre fleur, intacte, celle-ci.
-Non, Malika, non... Surtout pas à la folie.
-Pourquoi pas ?
Je lui ai désigné la maison du lierre et je lui ai avoué d'un coup:
-Parce que, "à la folie", c'est beaucoup trop près de "pas du tout".»
Il a bercé mon enfance;
Je l'aime, un peu, beaucoup...
Christian Grenier

dimanche, octobre 03, 2010

♪ Gueule de Nuit - BarbaRA

Etalée sur sa serviette, son Ipod turquoise au volume maximum, propice à la rêverie.
C'est son unique jour de congé, elle est donc fermement décidée à en jouir comme il se doit en retrait des langues de pute environnantes. 
Le soleil donne de la vigueur, jetant un trouble surréaliste sur sa cervelle en carence de nutritions. Elle n'a pas pris la peine d'aller petit-déjeuner ce matin.
Elle replace ses lunettes noires sur son nez; il est évident qu'elle l'emmerde, cette ligue d'arrivistes CONventionnels.
Les bonbons d'une gamine lui font de l'oeil. 
La mine malicieuse, elle s'en gave avant de replonger dans son bouquin; C'qu'il est bon de prendre le large quand l'intolérance fait rage.

samedi, septembre 25, 2010

♪ Screaming Mimi – Son Of A Dog

Sur la photo, accoudé à un classe comptoir un homme blond, figé contre le mur d'un studio illuminé. Des femmes et des hommes se déhanchent devant lui, exécutant des gestes ou autres mimiques grandiloquentes, comme on le fait en société lorsqu'une nuit d'exception conventionnelle emporte la gêne.
En smoking, rasé de près, il semble se fondre dans la masse d'un soir.
Le regard dirigé vers le vague, une moue discrète sur la gueule parfaite, il tient nonchalamment une coupe en plastock qu'il ne boira pas; il ne boit pas d'alcool.
Il y a un sac en toile beige suspendu à ce même comptoir; Probablement le sac de sa copine, qu'il n'ira pas rejoindre danser; il ne l'aime pas.

Accoudé à un classe comptoir, un homme blond regarde sa vie se passer.

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lundi, septembre 20, 2010

♫ Brigitte FONTAINE - CONNE

Ce qui est affolant lorsque j'anime des colos, c'est que  seuls les enfants arrivent à m'épater.
Sois inventive et spontanée et on te qualifiera d'irresponsable.
Elle est belle la tolérance chez les "d'jeun's", si bien pensants soient-ils !
Quand j'étais petite, je m'amusais d'un rien, me créais mes propres univers de jeu avec comme seule ressource les trésors de mon imagination. Je pouvais passer des après-midis entières chez ma tante pendant les vacances à m'inventer des scénarios plus tarabiscotés les uns que les autres avec comme seul support son jardin. Un tout petit jardin où je m'installais tout au fond, près des poiriers longeant un immense champ. Maintenant, il faudrait, dans le cadre de je ne sais quel projet prétendument pédagogique, spéculer sur du rêve à apporter aux gamins, programmes remplis et thèmes sophistiqués à l'appui. Sauf que le rêve doit venir d'eux. Le développement de l'imaginaire est vital pour enchanter, affronter le prosaïque, et il ne peut s'opérer que dans le plus de spontanéité possible. Car souvent chez un enfant, ça n'est pas les surprises qu'ont lui impose qui immortalise des moments, ce sont les siennes. Il ne faut pas s'étonner du matérialisme maladif de nos actuelles et futures générations.

Malgré les langues de pute avec qui j'étais censée faire équipe, 
ce séjour théâtral fut un plaisir partagé, je pense!
Katel, Léa, Lina, Aliénor, Lilou
Céline, Aurore, Sophie
Alana, Aline, Gaia
(Sans oublier les phénomènes Alexandra, Anthony, Yoann, Annaelle, Bleuenn, Alice, Robin, Charly...
Et les autres.) 

samedi, septembre 04, 2010

♪ Knee 1 - PhiliP GLass




Ahaaahha, je ne me lasserai jamais de ce sketch !
Ce mec est talentueux.(vrai de vrai)

vendredi, août 20, 2010

♪ CocoRosie - Fairy PAradise

A S S O C I A T I O N. .J A R D I N S. .D' I N S E R T I O N. .D E. .L' A R T O I S 
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Parce que l'agriculture biologique n'est pas qu'une lubie de bobos mais s'apparente aussi à une certaine révolution Nationale pour la relocalisation de l'emploi, j'ai décidé cet été d'aider mon père aux jardins.
S'étant reconverti il y a quatre ans de cela dans ce domaine  qui consite à la culture de légumes (L'occasion de mettre la biodiversité et l'originalité à l'honneur, avec potimarrons, pâtissons, et autres poirées en plus des produits habituels !) sans chimique dégénérescent pour lutter contre les adventices, prédateurs et favoriser la pousse; De ce fait sans affaiblissement de la terre, dont les réserves sont limitées et qu'il faut donc enrichir, par le biais de NPK (azote, phosphore et potasse) 
de fumier de cheval et de purins naturels (décoctions de plantes). La règle d'or est le respect de la terre & le bon sens qui en découle. Il s'agit donc de ne pas reproduire les techniques de forçage comme il est coutume par exemple de le voir en Espagne et au Maroc avec la culture des fraises que l'on a dès février en supermarché. Ainsi consommer de saison le plus possible pour ne pas appauvrir la terre et ne pas cautionner le gâchis d'énergie effectué avec des produits parfois tout préparés ayant parcouru le tour du monde; Avec un congélateur, cela relève du possible ! N'oublions pas la complémentarité des variétés, car il existe bon nombre d'associations astucieuses, telles que pommes de terre-aubergines, choux-tomates ou encore ail/oignons-cardes. C'est que les légumes sont solidaires entre eux, ils se protègent mutuellement. Qu'on en prenne de la graine ! 
Au programme : Semence, désherbage, arrosage, et tout de même, récolte.  (Et tout cela sans tracteur à grosse consommation d'essence !) L'association a pour autre but celui de la (ré)insertion sociale sur le marché du travail, en recrutant de potentiels adeptes de cette idéologie, et il est évident que les bénévoles sont les bienvenus !
Hard, certes, mais efficace,  quand on sait que les légumes récoltés ont 2 fois plus de saveur que ceux de nos grandes surfaces adorées. Le siège de l'association se situe à Hénin Beaumont mais le travail a lieu dans les villes de Farbus et d'Avion, avec le soutien de monsieur Dépret. 
Jusqu'à 3 paniers (bien)garnis à 12€ pièce sont possibles par semaine pour toute
adhésion. A ce jour la surface totale cultivée et de deux hectares et demi. 

dimanche, juillet 18, 2010

♪ GLASS CANDY - FEELING WITHOUT TOUCHING

Andernos-Les-Bains, Eté 2010.
 Un homme roux
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Il était une fois un homme roux, qui n’avait d’yeux ni d’oreilles. Il n’avait pas non plus de cheveux et c’est par convention qu’on le disait roux.
Il ne pouvait parler car il n’avait pas de bouche.
 Il n’avait pas de nez non plus.
Il n’avait même ni bras ni jambes. Il n’avait pas de ventre non plus, pas de dos non plus, ni de colonne, il n’avait pas d’entrailles non plus. Il n’avait rien du tout ! De sorte qu’on se demande de qui on parle.
Il est donc préférable de ne rien ajouter à son sujet.
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Daniil Harms | Faits divers (1933-1939)
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lundi, mai 24, 2010

♪ HOW SooN Is NOw ? - The Craft

Depuis toujours, je suis convaincue que chacun de nous est une âme, un irréductible atome, possédant un patrimoine
 génétique intellectuel et inné contenu dans ce qui pourra l’enrichir: le cerveau. Cette formidable machine
lui permettra d’évoluer selon les aspirations engendrées par les évènements de la vie grâce à un moyen
connu de tous, mais, tout comme le sport, apprécié à sa juste valeur de ceux le pratiquant assidûment: l’art.
Une gymnastique à la fois émotionnelle et cérébrale. Plus ça va, plus j’observe le lien d’adéquation
entre physique et morale, traits de visage et de personnalité, culture des champs et de l’esprit. 
Commsi les symboles prenaient tout leur sens et en devenaient des indices.
                       Barcelone, 2010. Casa de Antoni Gaudi
«Elle tentait de se voir à travers son corps. Aussi passait-elle de longs moments devant le miroir. Et comme elle craignait d'être surprise par sa mère, les regards qu'elle y jetait portaient la marque d'un vice secret. Ce n'était pas la vanité qui l'attirait vers le miroir, mais l'étonnement d'y découvrir son moi. Elle oubliait qu'elle avait devant les yeux le tableau de bord des mécanismes physiques. Elle croyait voir son âme qui se révélait à elle sous les traits de son visage. Elle oubliait que le nez est l'extrémité de l'amenée d'air aux poumons. Elle y voyait l'expression fidèle de sa nature. 
(...) L'âme remontait à la surface du corps, pareille à l'équipage qui s'élance du ventre du
navire,  envahit le pont, agite les bras vers le ciel et chante.»
L'insoutenable légèreté de l'être, MilanKUNDERA.

lundi, mars 08, 2010

♫ Nouvelle Vague - Blister In The Sun

Je vous épargnerai le récit détaillé de ce bouquin-merveille,
recueil de culture et d'humanité subtilement distillés dans lequel 
je puise l'énergie en ce moment. Rare, pour un roman à l'heure de la facilité.
Ai-je réellement besoin de commenter la qualité de cette (ces) écriture(s)? *
Dans ce cas, je trouverais stupide de le faire.
Je pense que les mots se suffisent amplement à eux-même.
J'espère donc partager cet extrait avec vous...
Même si je vous conseille l'oeuvre en intégralité, bien sûr .
Muriel Barbery, 10 aout 2006
«Au fond, nous sommes programmés pour croire à ce qui n’existe pas, parce que nous sommes des êtres vivants qui ne veulent pas souffrir. Alors nous dépensons toutes nos forces à nous convaincre qu’il y a des choses qui en valent la peine et que c’est pour ça que la vie a un sens. J’ai beau être très intelligente, je ne sais pas combien de temps encore je vais pouvoir lutter contre cette tendance biologique. Quand j’entrerai dans la course des adultes, est-ce que je serai encore capable de faire face au sentiment de l’absurdité ? Je ne crois pas. [Parmi les personnes que ma famille fréquente, toutes ont suivi la même voie : une jeunesse à essayer de rentabiliser son intelligence, à presser comme un citron le filon des études et à s’assurer une position d’élite et puis toute une vie à se demander avec ahurissement pourquoi de tels espoirs ont débouché sur une existence aussi vaine. Les gens croient poursuivre les étoiles et ils finissent comme des poissons rouges dans un bocal.]
 La vie est déjà toute tracée et c’est triste à pleurer : personne ne semble avoir songé au fait que si l’existence est absurde, y réussir brillamment n’a pas plus de valeur qu’y échouer. C’est seulement plus confortable. Et encore : je crois que la lucidité rend le succès amer alors que la médiocrité espère toujours quelque chose. J’ai donc pris ma décision. 
Je vais bientôt quitter l’enfance et malgré ma certitude que la vie est une farce,
 je ne crois pas que je pourrai résister jusqu’au bout.»
...(Paloma)

Récent Ancien Base