Eléments

mardi, octobre 08, 2013

♪ Vanessa Paradis - SundAys Mondays

Le rire nous paraît futile, vulgaire ou même immoral. Il est le résultat d’une crue réflexivité qui consiste en une vision englobante d’une existence humaine. Et lorsqu’on la considère avec froideur, sans les froufrous des mondanités et autres finalités suprêmes qui en perdent leur sens à mesure que nous remontons la chaîne infinie des causalités, que reste-il ? Le non-sens. Cette absurdité s’impose à nous dans des situations précises qui ont toutes en commun d’être particulièrement humiliantes, parce qu’elles sont nées d’une dissonance entre le sérieux avec lequel nous hiérarchisons les choses et une réalité dont la différence de plan sur laquelle elle se situe nous rappelle à quel point ces choses en question sont futiles et a fortiori nous, au regard ne serait-ce que du monde. C’est alors que, légèrement plus désabusé que la fois précédente, nous nous réengouffrons dans la brèche de l’instant présent pour nous enivrer de mondanités et pourquoi pas, au passage, enfanter des étoiles. Pourvu qu’elles soient assez universelles pour réduire en éclats le plafond de verre du ridicule de notre finitude. Avoir la volonté de donner un sens à sa vie, c’est donc cela : s’efforcer comme on le peut de semer de l’harmonie dans la laideur absurde d’une noblesse entrant en confrontation avec les choses les plus vaines.
Le rire vise à se réconcilier avec la laideur sans la réformer. Il n’en demeure pas moins décisif, car il témoigne d’une grande prise de conscience de notre condition et de la dichotomie qui existe entre ce qui est fondamentalement important et ce qui ne l’est pas. De plus, il n’est pas immoral, car il est en fait amoral : Il dépasse ce triste constat pour le replacer dans le cadre du monde sensible et ainsi jouir de lui de la façon la plus minimaliste, la plus prosaïque qui soit. Le rire est donc délicieusement cynique : Il se moque d’une condition humaine tout en s’y complaisant ouvertement.

Récent Ancien Base