Eléments

lundi, décembre 02, 2013

♫ Seelenluft Manilla Headman miX









  




Noël, Noël, 
Noël !
Remettons un peu de féérie authentique dans nos traditions.


vendredi, novembre 29, 2013

♭ FiNishing Jubilee Street - Nick Cave & THe Bad Seeds

Le bon goût est par essence discriminant car son rôle est de nous doter aux yeux des autres d’une certaine prestance. Le bon goût est la mise en musique d’un feeling esthétique qui donnera en quelque sorte de l‘épaisseur à l‘image de nous que nous voulons renvoyer à la société. Il a donc vocation à montrer la direction du beau afin de se démarquer de la masse par des procédés distinctifs savamment entretenus. C’est flagrant dans le milieux de la mode, de la haute-couture et dans les milieux aisés qui en insistant sur la promotion de codes esthétiques qu’il est de mise ou chaudement conseillé de suivre, vont s’ériger en modèle, en maître à penser en matière de respectabilité de l‘image. Deux enjeux du bon goût apparaissent donc : L’évidence d’être connecté au monde par le biais de la mode et de vibrer ainsi avec lui au son du progrès et l’évidence d’un élitisme à l’inverse conservateur qui est celui de l’entre-soi social. 
On va ainsi miser sur des codes de langage, une manière de se tenir, des accessoires, des associations de couleurs, de textures particulières ou des mouvances artistiques pour dresser le paravent de l‘exception esthétique entre une communauté et le reste du monde ou de la société. La notion de beauté est donc très relative aux tendances de la mode qui sont influencées par des normes sociales qui évoluent. Dans les milieux aisés, c’est le même processus en moins rapide. Il faut ajouter à cela des signes de distinction supplémentaires, notamment chez la grande bourgeoisie, qui se renouvelleront exclusivement par rapport aux classes sociales les moins élevées : On remarque par exemple que la marque Gucci, après avoir été pendant des années sujette à la contrefaçon, n’est plus du tout en vogue.
Si le bon goût tire sa relativité du besoin d’être marqué du sceau des milieux autorisés pour être reconnu comme tel, quelques invariants se détachent. Non pas en terme de fonctionnement, qui est depuis toujours le même en raison de sa finalité, la distinction mais en substance. C’est ce qui donne à penser que la beauté a tout de même une grande part d’universel, et pour cause, la sensibilité est la même pour tous les êtres humains. 
La communauté du bon goût reconnaîtra donc les siens parmi ceux qui seraient les plus à-mêmes de se servir de leur sensibilité, et plus exactement de leur « feeling ». Mais si les critères du bon goût varient avec la société, ce n’est pas que parce qu’ils en émanent, mais aussi parce qu’ils constituent une appropriation par la sensibilité de cette société. Une adaptation à elle. Le processus est également inverse, et c’est pour cela qu’en tout temps, on peut globalement remarquer que des caractéristiques propres au bon goût apparaissent face à l’obscurantisme du peuple. Peuple dont la sensibilité n’aurait pas été éduquée par la beauté, qui, au même titre que la morale universelle, lui aurait montré le chemin de la vérité éternelle. Une sorte de réminiscence.
Ces caractéristiques du bon goût relèvent d’une attitude globale d’une personne que l’on peut nommer « élégance ». Il s’agit d’une aisance dans le rapport à soi, au corps et à l’environnement qui consiste à incarner avec intelligence sa propre personnalité tout en étant en adéquation avec ces trois éléments. L’élégance, c’est donc connaître sa nature profonde pour la faire raisonner en harmonie avec les particularités du monde, y compris et d’abord les siennes. Cela s’illustre parfaitement avec la notion de tact, qui est une forme de bon goût : En avoir nécessite une connaissance assez bonne de ce que l'on veut exprimer et de son environnement immédiat pour le faire avec subtilité et au moment opportun. 
En définitive, on peut dire que le bon goût va à contre-courant de cette époque. On peut le considérer comme étant viscéralement une valeur de droite dans le sens où il se tient raide comme un cap au milieu du brouillard relativiste de la facilité. Non la droite décadente, imbibée de son époque, dont le maître-mot est l’hédonisme, traduisez gloire et débauche. La vraie droite, chevillée à des valeurs faisant d’une société quelque chose de grand, sur le plan moral comme ici, esthétique. Au milieu du saccage des valeurs au nom du seul utilitarisme du plaisir, le bon goût est devenu l’une des seules boussoles que nous ayons à notre disposition. Dans cette époque d'apparat, il est devenu la seule façon reconnue de tous pour réaliser sa nature profonde en symbiose avec le monde. N'oublions pas que ce monde, c'est avant tout la nature brute. Wilderness. 
 

mardi, octobre 08, 2013

♪ Vanessa Paradis - SundAys Mondays

Le rire nous paraît futile, vulgaire ou même immoral. Il est le résultat d’une crue réflexivité qui consiste en une vision englobante d’une existence humaine. Et lorsqu’on la considère avec froideur, sans les froufrous des mondanités et autres finalités suprêmes qui en perdent leur sens à mesure que nous remontons la chaîne infinie des causalités, que reste-il ? Le non-sens. Cette absurdité s’impose à nous dans des situations précises qui ont toutes en commun d’être particulièrement humiliantes, parce qu’elles sont nées d’une dissonance entre le sérieux avec lequel nous hiérarchisons les choses et une réalité dont la différence de plan sur laquelle elle se situe nous rappelle à quel point ces choses en question sont futiles et a fortiori nous, au regard ne serait-ce que du monde. C’est alors que, légèrement plus désabusé que la fois précédente, nous nous réengouffrons dans la brèche de l’instant présent pour nous enivrer de mondanités et pourquoi pas, au passage, enfanter des étoiles. Pourvu qu’elles soient assez universelles pour réduire en éclats le plafond de verre du ridicule de notre finitude. Avoir la volonté de donner un sens à sa vie, c’est donc cela : s’efforcer comme on le peut de semer de l’harmonie dans la laideur absurde d’une noblesse entrant en confrontation avec les choses les plus vaines.
Le rire vise à se réconcilier avec la laideur sans la réformer. Il n’en demeure pas moins décisif, car il témoigne d’une grande prise de conscience de notre condition et de la dichotomie qui existe entre ce qui est fondamentalement important et ce qui ne l’est pas. De plus, il n’est pas immoral, car il est en fait amoral : Il dépasse ce triste constat pour le replacer dans le cadre du monde sensible et ainsi jouir de lui de la façon la plus minimaliste, la plus prosaïque qui soit. Le rire est donc délicieusement cynique : Il se moque d’une condition humaine tout en s’y complaisant ouvertement.

lundi, septembre 23, 2013

♫ VoodoO Soul - Driving Dead girl

Une culture doit être le produit de sa vie interne et externe : Laisser filtrer une diversité naturelle relativement à une harmonie qui consisterait à la fondre dans une nature européenne.
 

Est naturel à mes yeux ce qui relève de l'équilibre. Dans ce tumulte mondialiste organisé par les puissances d’argent, nous devons à notre tour nous organiser en légiférant pour y parvenir : Le combat d’un retour à une volonté d’adéquation avec la nature contre la décadence culturelle d’un déséquilibre. Celui d’une volonté affaiblie ou grignotée par la violence d’instincts égoïstes laissés en friche par l‘air du temps individualiste. 
Vivre la nature repose sur l'équilibre, les modalités qui découlent de son fonctionnement le prouve : nuance, régulation, délibération... Aucun peuple par le passé n’a réussi à éradiquer de présence allogène ou étrangère à son essence. Voilà en quoi le discours d’une certaine frange ultraréactionnaire ou se revendiquant par des méthodes ouvertement discriminantes d’une identité nationale ou européenne ne s’inscrit pas dans une véracité naturelle.
A mon sens, il existerait une grande mosaïque culturelle humaine parcourue d'autant de teintes qu'il y a de modes de vie. Et ceux-ci mutent avec leur temps, il faut l‘accepter. En effet, la France est un mélange d'influences culturelles successives. Il s'agit de l'homogénéifier sans stopper ce processus naturel et tout en veillant à sa conformité avec les particularités du monde sensible. Des frontières doivent être comme la peau: laisser passer l'air pour faire muter une culture en conformité avec la notion naturelle d’équilibre tout en protégeant l'organisme, c’est-à-dire l’essence de cette culture, émanation d’une nature physiologique. 
Des cultures mutent en fonction de la technique, de l'idéologie et des flux migratoires, phénomènes ancestraux : Si l’on avait une pratique plus équilibrée de la technique et du libéralisme, le rééquilibrage migratoire, qualitatif comme quantitatif se ferait. Je suis toujours déconcertée par la facilité avec laquelle la réacosphère accepte d’être envahie par la technologie en comparaison à la violence avec laquelle elle refuse la mutation charnelle d'une culture. C’est probablement parce que la façon dont les machines aliènent notre sensibilité en l’aseptisant est beaucoup plus insidieuse que l‘agression esthétique que représente l‘immigration de peuplement que nous vivons. La préservation physiologique de la nature comme condition exclusive de la mutation légitime d'une civilisation et des cultures qui s'y rapportent en tant que celles-ci doivent émaner de la nature est ainsi de mise. Cependant, il ne s'agit pas de préserver cette adéquation peuple-nature que du point de vue identitaire, c'est à dire de la question de la substance ethnique ou de tradition commune. La question du mode de vie doit elle aussi être travaillée pour veiller à ce que la continuité d'un peuple entre ses racines naturelles et ses aspirations se perpétue dans une dimension qui ne soit plus seulement physiologique et sociale (cohésion induite par les traditions issues de la religion) mais encore philosophique et même métaphysique au sens littéral du terme. Ainsi, les questions de bioéthique ou encore portant sur la place que nous devons attribuer à la technique, ect. devront être creusées sérieusement. Car si nous parlons constamment de la menace d'altération de notre culture légitime par des peuples qui ne contiendraient pas en eux les capitaux nécessaires pour continuer à la faire vivre pour des siècles et des siècles (déterminisme physiologique), qu'en est-il des conséquences culturelles et cognitives de l'omniprésence de la technique ? J'ai un début de réponse à cette question : L'aseptisation des idées et l'"asexuation" des corps auxquelles nous assistons ne sont pas dus à un phénomène de féminisation, comme le disent les nostalgiques du patriarcat. (et contre lesquels je n'ai aucun grief, n'étant moi-même pas féministe, soit dit en passant) Il ne s'agit à mon sens que de symptômes parmi tant d'autres d'une déconnexion littérale de la réalité nous faisant nier celle-ci. Le multiculturalisme, la théorie du genre, ect. sont des théories qui s'inscrivent dans un contexte hyper-technologisé où l'on n'est plus aux prises avec les choses les plus évidentes faute de pouvoir les interpréter dans toute leur sensibilité, c'est à dire sans y injecter la rationalité induite par le système des machines qui jalonne notre quotidien. Mais cette tendance n'est malheureusement pas nouvelle. Elle a même été initiée ici avec la French theory dont Sartre est le père fondateur. Pour faire bref, la French theory peut être rapportée à cette fameuse assertion de Simone de Beauvoir qui consiste à dire qu' "on ne naît pas femme, on le devient" que Sartre va étendre à tous les domaines pour instituer son concept de liberté.
Pour en revenir à la question identitaire, l’enjeu n’est pas le mélange d’humains à d'autres, phénomène naturel. Elle est de décider pour nous chez nous. Depuis toujours, des gens de partout sont venus sur le territoire. La différence, c'est qu'on avait le droit de réguler ces flux. La colonisation de l'Algérie, tout comme celle que nous vivons actuellement en Europe et toutes les colonisations qui se sont produites dans le monde d’ailleurs, n'a pas été un processus naturel puisque les autochtones, au même titre que notre désarmement moral et législatif, n’ont pas été en mesure de réguler ce phénomène. 
 Mais, pour ne pas sombrer dans la caricature, n’oublions pas que Levi-Strauss, contrairement à ce que disent les obsédés du « grand remplacement » qui n‘ont pas compris la notion de porosités naturelles, ne prônait pas l'autarcie ! Il prônait une surdité des cultures les unes envers les autres afin qu'elles mutent progressivement et restent ainsi diverses. Là on pourra ainsi parler de richesse de l‘espèce humaine.
  Reste ensuite à veiller à ce que les autochtones soient en adéquation avec une nature locale ou que cette dimension normative soit prise en compte dans une politique, pour qu‘ils se fondent à elle et que la typicité substancielle des peuples européens soit préservée, respectée de façon pérenne. Et de façon plus pragmatique, considérons que si la population migratoire est régulée, elle s'assimilera assez à une culture pour que nous acceptions que celle-ci mute en retour, toujours en conformité avec la nature : suivre la pente des aléas de l’histoire tout en la remontant. 

jeudi, septembre 12, 2013

♭ Aphex tWin - phlOam

J'ai reçu un héritage musical très riche de la part de mon père et rien que pour cela, je lui serai toute ma vie reconnaissante. Depuis enfant, j'ai eu la chance d'avoir été sensibilisée à une si grande diversité d'influences musicales qu'elle peut désormais rythmer ma vie, apportant le supplément d'âme adéquat à ses montagnes russes. La musique accompagne mes humeurs et mes pensées, à la fois fidèle à elle-même et en les revitalisant, en leur donnant toujours plus de sens et de saveur. Et même lorsqu'une chanson ne correspond pas à ce qu'il se passe dans ma tête ou mon environnement, c'est comme si elle s'y fondait, de sorte à modifier un état d'esprit ou à me faire envisager une situation sous un autre angle. D'où vient cette souplesse ?
La musique est l'ironie-même. L'évanescence des notes fait d'elle un art dont la légèreté s'accommode de la transcription des mélodies les plus subtiles, donc les plus fortes. Il s'agit d'une beauté suggérée émanant d'un délicieux paradoxe. C'est en cela que la musique est l'art qui parle au plus de monde : sa beauté n'est pas brute, elle se dilue dans la succession des notes, se rendant ainsi accessible dans ses grandes nuances.
Il en est de même concernant le sens d'un morceau : Une histoire est racontée; Comme toutes les histoires, une morale ou un message y apparaît en filigrane. Mais le fait que l'une ou l'autre soit délivré de façon détournée, c'est à dire au sein d'une altérité sans cesse renouvelée par l’enchaînement des teintes musicales (notes en mineur et en majeur) lui confère une universalité à taille humaine, et même intime. Une éternité à la fois immanente à ces teintes musicales en ce que celles-ci relaient une mélodie qui va générer des émotions, et transcendante à elles, car cette mélodie, bien qu'elle résulte d'une technicité instrumentale, est bel et bien le produit d'une intention préalable. Ce qui en fait, même dans la spontanéité d'une improvisation de jazz, quelque chose de rationnel.
Je me suis toujours interrogée sur l'origine de ma grande inclination pour la musique. Je pense qu'au delà de l'habitus ou de mes traits de personnalité, la musique m'est destinée; Elle est d'ailleurs destinée à chacun de nous car elle constitue l'art le plus fascinant qui soit. A la fois frivole dans son insaisissabilité et narrative, elle nous chuchote des vérités à l'oreille.
Si nous sommes insatiables de musique, c'est parce que nous attribuons à la véracité immuable d'un message délivré par une mélodie la légitimité de résonner en nous comme des incantations. 
Car l'anticonformisme est non seulement une forme de conformisme, mais il est à bannir à plus forte raison en musique, dont le message ne peut être délivré qu'avec la mélodie qui lui correspond, faute effectivement de lui faire perdre toute cohérence. Ce qu'il y a de fascinant là dedans, et même dans la musique en général, c'est le lien inaltérable entre rationalité et sensibilité : l'adéquation nécessaire de ces deux choses apparaît de façon parfaitement distincte. Le message, qui n'est délivré qu'à travers ce qu'évoque une succession de notes a quelque chose de très abstrait, certes, mais il n'en n'est pas moins intense émotionnellement pour autant lorsque l'adéquation est respectée. Et c'est ce qui implique que la musique soit à mon sens l'art le plus grand. 


dimanche, juillet 21, 2013

♭ we haven't turned Around - Gomez

Pas plus tard qu’il y a quelques semaines, j’ai encore fait une expérience de pensée saisissante. Le tourbillon bariolé des contingences de la vie est décidément une source d’inspiration inépuisable Il ne cesse de nous révéler à nous-même.
Me voici donc virée par mon responsable animation pour avoir froissé son égo de mâle dans son expression la plus subtile. (Non, on ne me dit pas « dégage », à moi, intelligence.)  Ni une ni deux, je prends mes clics et mes clacs et me tire du camping en question, préférant m’affranchir de cette situation malsaine quitte à dormir dehors plutôt que de la laisser pourrir davantage dans un face à face grotesque. Je me rappellerai toujours de cette scène tragi-comique où je décidai de n’emporter de la bouffe que j’avais acheté que le strict minimum à ma conservation, démontrant mon détachement total du confort matériel pour lequel avait opté mon responsable en mettant fin à ma période d’essai. Et lorsque je quittai le chalet où nous étions agglutinés, j’adressai un joyeux et non sans ironie « Adieu » à mon collègue qui vivait cet instant en différé, arc-bouté sur son ordinateur
 Ce moment fut nietzschéen. La victoire de l’intrépidité sur les ressentiments larvés. Le oui à la vie et tout son fatras, par delà le bien et le mal, comme antiseptique à la laideur humaine. J’ai une vision plutôt kantienne de l’existence et du fonctionnement de la morale. La justice, qui comme nous l’avons évoqué précédemment émane de la raison sous la forme du respect, est une loi inconditionnée qui doit prévaloir dans les rapports humains en tant qu’affranchissement de la nature nécessaire à notre pleine réalisation. Une fois cette rationalité de cœur appliquée, la sensibilité et les instincts n’auront qu’à coloniser les vides laissés par la raison de sorte à recréer au sein de la nature un enracinement maintenant ainsi l’homme dans l’équilibre auquel il se destine. 
Seulement, quelque chose de plus grand encore transcende la règle morale devant régir les rapports humains. C’est que cette règle régit l’ensemble de l’univers. C’est la vie.  L’autre jour, je me suis retrouvée au soir à près de 500 bornes de chez moi sans argent, sans voiture, sans personne à l’horizon pour venir m’aider. Et pourtant, je suis allée au devant de tous ces obstacles et m’en suis tirée. Et je suis convaincue qui si tout s’est à peu près goupillé pour que j’y arrive, c’est parce que je suis en bonne santé. 
Avoir la force de ne m’en remettre qu’à mes seules ressources pour composer avec cette situation m’a démontré que quoi qu’il se serait passé de plus malencontreux, j’aurais poursuivi avec fougue car je suis mue par la volonté de puissance: Une croissance instinctive en opposition au déclin de la maladie dont le symptôme aurait consisté par exemple à me poser en victime. Dieu m’en garde, je ne suis pas plus rongée par les remords que par la rancœur. Bien que des relations puissent être définitivement brisées -le pardon étant affaire de sensibilité- la cicatrisation de mon âme est faite. Mais ça n’est pas pour autant qu’un préjudice ne sera pas vengé par une fidélité envers la morale qui m’habite si l’occasion se présentait. Or, ce qu’on appelle l’ironie du sort s’arrange toujours pour nous mettre face à ce qui ne tourne pas rond en nous. La nature, dont les rouages peuvent être parasités par la technique, demeure si bien faite !  
   

lundi, juillet 01, 2013

♭ ColouRING Of PIGeoNs - tHe kNife

Cette dernière semaine, j’ai compris quelque chose d’assez fondamental: Je ne choisis pas les gens qui feront partie de ma vie en fonction de leur sang, d’une sympathie ou même d’un amour que j’aurais pour eux mais du rapport que j’ai à eux.  
Ce rapport sera avant tout autre chose un rapport de respect ou ne sera pas. 
On fait tous partie de la même famille, puisqu’on provient de la même souche. L’argument qui consiste à dire qu’avoir été mis au monde par deux personnes leur donne le droit de nous traiter comme bon leur semble est donc erroné, il ne repose que sur du conformisme. Nous ne sommes pas dans un rapport animal, instinctif d’union inconditionnelle d’une mère à son petit. Il ne faut pas oublier d’y intégrer la dimension culturelle. Il s’agit précisément de la notion de respect. Et pour cause, la raison dont il émane est l’unique chose qui nous distingue des animaux. (18 gènes humains sur 24 000)
En conséquence, le fondement de respect d’une relation puise lui-même sa légitimité dans la chose suivante : Essayer. 
Essayer de garder le cap au milieu des broussailles de l‘expérience empirique.
 Cet effort n’est même pas constant, bien que nous sachions toujours exactement ce qu’il convient de faire, et ce dans n’importe quelle situation.
La sensibilité et les instincts n’ont de cesse de nous faire osciller entre morale, amour et égoïsme. Mais, la raison sera toujours là pour nous donner mauvaise conscience, nous rappelant ainsi la suprématie de sa manifestation, le respect, sur tout autre sentiment. La violence est son inverse. Elle est un déploiement naturel de l'instinct de survie face à la douleur inconsolable d’un être pris au piège de l’inopérance morale. Cette violence consiste en un déchaînement d'animosité qui sera transposée dans des rapports humains comme expression d'un refus ou d'une impuissance à faire usage de raison. 
L'individu se réfugie dans le monde sensible pour s'accommoder de cela. Une réponse morale à la violence doit à son tour s'exprimer dans le monde sensible. Pour être perçue par l'autre et pouvoir le tenir à nouveau en respect en faisant acte d'une force égale de sensibilité.

La lumière de la morale nous éclairera de sorte à marcher droit tant que nous aurons les valeurs universelles de la raison au cœur. 
Belle est l’intelligence. 
Ceux ayant fait le choix de mettre leur rationalité au service de leurs seuls intérêts, lubies ou névroses sont de méprisables utilitaristes de la pensée. Le film Buffet froid mettait parfaitement le doigt sur cette gangrène de notre époque.

vendredi, juin 21, 2013

♫ Led ZeppliN - bRon-y-Aur-stomP

Texte que je lirai lors du rassemblement des Veilleurs pour la famille qui se tiendra ce mardi de 21h à 23h Place de l'opéra à Lille.


Si j’ai voulu écrire ce texte pour vous ce soir, ce n’est pas par religiosité, contrairement à ce que ces gens veulent faire croire à tout le monde. D’abord parce que la laïcité implique que des convictions religieuses ne soient imposées à personne, et surtout pas sur l’espace public. Ensuite parce que je pense qu’il est inutile d’aller jusqu’à invoquer Dieu pour s’apercevoir de l’effrayante absurdité du monde que l’on nous promet pour demain. En effet, la question n’est pas de savoir quelle est la volonté d’un grand architecte de la nature. Son œuvre parle d’elle-même. Son essence est la perpétuation de la vie. C’est donc la reproduction qui donne un sens à la nature en la faisant renaître de ses cendres à mesure que la mort gagne du terrain sur le monde des vivants. La reproduction comme régénérescence pour l‘équilibre, ultime finalité d‘un univers dont l‘ordonnancement dépasse la raison.
S’il est de bon ton de remettre en cause l’altérité permettant cette perpétuation, tant du point de vue de sa réalité biologique que des caractéristiques naturelles qui en découlent, c’est donc peut-être que cette époque est profondément mortifère. Mortifère car elle prône la dégénérescence. Certains la nomment avec une certaine fierté « décadence ». Comprenez qu’il soit « cool » d’être underground. Sauf que ces jeunes gens que vous avez sous les yeux n’ont en fait rien de visionnaire. Ils sont même les purs produits de leur société. Ils se contentent de recracher avec toujours plus de virulence à mesure qu’il s’en convaincs les slogans soixanthuitards de leurs parents qui imprègnent encore les papiers de la plupart des journalistes qu‘on laisse s‘exprimer.
La question est donc la suivante : Voulons-nous de ce monde où tout ne serait que culture ? Voulons-nous de ce monde où l’on nous désigne le progrès comme un éternel affranchissement de ce que nous sommes ? Voulons-nous renier ce que nous sommes en imprimant à la nature le sceau d’une vanité consistant à lui imposer nos lubies ?
Veillons. Veillons sur nous-mêmes et sur les autres pour ne jamais oublier que ces lubies, fruits de l’individualisme tout-puissant qui règne sur cette époque n’est rien en comparaison de la cohérence du monde. Et si l’homme essaye de rivaliser avec elle par la technique ou l’idéologie progressiste, un jour ou l’autre, la boucle du cycle naturel se refermera tant bien que mal sur ce monde pour faire système et nul ne peut savoir ce qu’il adviendra de cette fatalité. 

 



 

lundi, juin 10, 2013

♪ Shut Up - SavagES


La religion est cette espérance nous donnant le culot de faire le pari d’une force transcendante à la vie. Une force formatrice comme point de départ donc promesse d’aboutissement, de perfection à l’issue d’épopées palpitantes. Toute cette aventure de rédemption consiste à se familiariser avec une nature humaine éprouvante car tiraillée par les instincts, la sensibilité et la raison. Egoïsme, amour et morale. Elle consiste également à donner un sens à la vie dans ses moments les plus sordides pour nous préparer à la mort, douleur la plus vive, celle qui nous met face contre terre, nez à nez avec la plus éclatante preuve de l’absurdité de notre situation, à savoir la finitude humaine. Comme le pensait Lucrèce, il est aussi absurde de craindre la mort que de redouter ce qui a précédé notre venue au monde, puisque la désubstantialisation ne concerne par définition ni notre être, ni notre âme. Lorsqu’on parle de religion, il s’agit donc d’une démarche qui cherche à éclairer les raisons du monde tel qu'il est. Non pas en se proposant d’en comprendre les rouages, mais en enveloppant l’ineffable de son état de fait dans des fondements métaphysiques, éthiques, moraux ou esthétiques, autant de justifications d'une réalité qui par le seul miracle de son existence, ne peut être que parfaite.
Mais ces fondements ne sont-ils pas inhérents à la vie ? N’ont-ils pas pour vecteur commun la volonté éternelle de l’homme doté de raison de vouloir mettre des mots sur ses intuitions ? N’ont-ils pas pour vecteur commun la philosophie ? Cette quête d’absolu dans la légitimation de son existence par l’homme puise ses fondements dans une sensibilité teintée d’une douleur sourde. La crainte toute naturelle de ce qui adviendra de sa peau. Ce n’est donc pas la religion qui redonnera du relief à un monde où tout a désormais vocation à couler de source, où règne le confort dont parlait Nietzsche, celui qui consiste à n’avoir ni trop chaud, ni trop froid.
Où il n'y a plus de grand péril, plus d'enjeux. Dans ce monde d’ultrarationalisation, les libertés ne doivent plus s'entrechoquer afin de garantir la poursuite des intérêts individuels de chacun au nom de ce que l'on appelle "progrès". Ca n'est pas ma vision du progrès. Je ne veux pas que ça soit "cool", je veux du sang, des larmes et des effusions de joie.
Le sacré comme rempart au relativisme mortifère ne puise pas sa force dans l’après de la religion, mais dans une régénérescence de la vie, c'est-à-dire le courage des contrastes émotionnels. Des toujours dans le jamais. Des éclats de vérité dans la tiédeur de choses bâclées, de personnes à moitié aliénées et de causes honnêtes en théorie et glauques en pratique. Un absolu dans le relativisme.

jeudi, mai 23, 2013

♭ Clones - archiVe


L’universalisme consiste à plaquer un ensemble de règles que l’on estime constitutives de la nature humaine sur des individus. Mais comment être sûr qu’établir leur nécessité absolue ne s’apparente pas à un découpage dans le réel ? Comment être sûr que cet ensemble de règles ne soit pas conditionné par l’aléatoire du monde sensible ou même de notre propre raison ? Contrairement à ce qu’avance Kant pour poser les axiomes d’un système de pensée cosmopolitique, la raison n’est pas neutre ! Non seulement parce qu’elle n’est pas un fonctionnement qu’on puisse établir comme nécessairement universel mais parce qu’elle est elle-même un découpage dans le réel de principes particuliers. (Et si nous ne nous en rendons pas compte, c’est que nous ne pouvons appréhender aucun autre fonctionnement mental que le nôtre, preuve qu’il est bien contingent.)
 Elle a un fonctionnement qui est certes indépendant du monde sensible, mais pas pour autant universel étant donné le fait qu’il ne soit pas nécessairement commun à tous les êtres capable d’appréhender la notion de vérité. La sensibilité et les instincts sont peut-être inhérents à l’empirisme, mais tout aussi riches dans les pensées qu’ils nous délivrent que la raison. Ce faisant ils nous montrent la réalité sous d’autres facettes qui sont elles aussi des vérités car elles font partie de nous. En conséquence, je ne pense pas que percevoir les autres par le prisme de ses affects soit aliénant. C’est ne s’en référer qu’à eux qui l’est, de sorte à ignorer ses instincts et sa raison, qui font également partie intégrante de notre nature humaine. Pour la préserver, il s’agit de trouver un équilibre entre ces trois éléments. Etre un monstre, c’est en quelque sorte une affaire de mauvais dosage. 
Et même en admettant que la raison soit par essence universelle, elle reste influencée par l’imaginaire et les affects; D’où le fait que la métaphysique, qui consiste à élaborer des systèmes scientifiques avec pour seul fondement la spéculation, soit si contestée. On pourrait même considérer que du point de vue évolutionniste, si un corps physique s’adapte aux besoins de l’homme, il n’y a aucune raison logique pour qu’il n’en soit pas de même de la spiritualité, mais ce serait déjà accorder bien trop de confiance à ma raison que de conjecturer ainsi. Toujours est-il que la vérité, qu’elle soit rationnelle, sensible ou pragmatique serait donc toujours un réceptacle de notre contingence. Par conséquent, l’universalisme ne se fonde sur rien qui soit universel, et ne peut donc prétendre nous faire appréhender notre propre nature en elle-même, c’est à dire objectivement et a fortiori ce qui est bon pour elle.
En dernière instance, l’universalisme comme seul horizon revient à ne vouloir voir en l’autre que ce que nous connaissons déjà. Il s’agit en fait de se rassurer quant à ses imprévisibles contingences en tentant de le démystifier à l’aide de règles scientifiques qui sont en fait un ensemble de normes et de croyances admises de tous qu’il faut sans cesse interroger, au même titre que l’art est un façonnement des sens.

vendredi, mai 17, 2013

♪ Tuyac n wanzul (Musiques du sud) - iDIR

O U T S I D E R S.entinelles
                          Par Eric Lacombe
E n   y    é t a n t   a u x   p r i s e s   a v e c   u n e   q u a n t i t é   i m p o r t a n t e   d e   d é t a i l s   p e r ç u s   d e   s o n   e n v i r o n n e m e n t ,   i l   l e   r e s s e n t i r a i t   p l u s   i n t e n s é m e n t   q u e   l a   m o y e n n e .   C o m m e   s i   n o u s   r é a g i s s i o n s   a u x   p l u s   i n f i m e s   b r u i t s   n o u s   e n t o u r a n t   d u   f a i t   d e   l e s   e n t e n d r e   t o u s   d i s t i n c t e m e n t .     
(...) L a  q u e s t i o n   d e   l ' a p p a r t e n a n c e   a u   m o n d e   s o c i a l   s u r g i t   d a n s   l ' e n s e m b l e   d e   l a   v i e   d e   l ' e n f a n t ,   p u i s q u e   t r è s   t ô t ,   d e    p a r   s a    l u c i d i t é    a c é r é e ,   i l   e s t   n o n   s e u l e m e n t   e x p o s é   à   l h y p e r s e n s i b i l i t é ,   m a i s  à   u n   s e n s   c r i t i q u e   p o i n t u   q u i   c o n s i s t e   à   c e r n e r   l e s   d y s f o n c t i o n s   d e   s o n   e n v i r o n n e m e n t ,   q u a n d   e l l e s   n e   s o n t   p a s   p e r c e p t i b l e s   p o u r   l a   p l u p a r t   d e   s e s   c a m a r a d e s .   C e l a   e x p l i q u e   e n t r e   a u t r e s   s o n   s e n t i m e n t   d e   g r a n d e    s o l i t u d e   e t    s o n   i n t é r  ê t    p r é c o c e   p o u r   l a   v é r i t é   e t   l a   j u s t i c e .   
 (...) L ' e x p é r i e n c e   q u o t i d i e n n e   d e   c e s   d i f f é r e n c e s   o n t   p o u r   c o n s é q u e n c e   d e   l e    f a i r e   r e d o u t e r    l a   c o n f r o n t a t i o n   a v e c   l a   r é a l i t é .  P u i s q u ' el l e s   s o n t   t r è s   p a r t i e l l e m e n t   r a t i o n n a l i s é e s   d a n s    l ' e n f a n c e ,   e l l e s   d r e s s e n t   n o n   s e u l e m e n t   d ' e m b l é e    u n e   b a r r i è r e   c o m m u n i c a t i o n n e l l e   a v e c   l e   m o n d e   s o c i a l ,   m a i s   e n g e n d r e n t   u n   c o m p l e x e   d i n f é r i o r i t é :  A l o r s   m ê m e   q u'   i l   c o n s t a t e   l a   g a i t é   n a ï v e   e t   l e   c a r a c t è r e   a n o d i n   d e s   v i c i s s i t u d e s   d e    s e s    c a m a r a d e s    e n   c o m p a r a i s o n   à   l a   c o m p l e x i t é   d e   s e s   t o u r m e n t s ,   i l   r e s s e n t i r a   u n e   p r o f o n d e   i n j u s t i c e   e t   p a r f o i s   m ê m e   d e   l a   h o n t e.   C e s t   p o u r q u o i   f a c e   à   u n   o b s t a c l e ,   l e n f a n t   p r é c o c e   a u r a   t e n d a n c e   à   s e   r é f u g i e r   d a n s   l e   m u t i s m e    p o u r   f a i r e   b a r r a g e   à   l e x p r e s s i o n   d e   s a   d i f f é r e n c e ,   d o n t   i l   r e d o u t e   q u e l l e   a p p a r a i s s e   s o u s   l a   f o r m e   d o u b l e m e n t   v e x a n t e   d u n   é c h e c    l à   o ù    l e s    e n f a n t s   d e   s o n   â g e   r é u s s i r a i e n t    a i s é m e n t .  

Si les surdoués sont considérés de notoriété publique comme hypersensibles, c’est parce que l’Homme « fonctionne » pour ainsi dire par induction ; En effet, nous sommes des éponges. Nous commençons par « capter » les stimulis d’un environnement, que cela se traduise par des perceptions -d’ordre mental-, ou des sensations, -d’ordre physiologique. Une synthèse de toutes ces captations s’effectuera ensuite dans l’esprit d’abord par l’imagination qui reconstituera l’expérience empirique vécue à partir d’elles, puis par un système d’association d’idées logique –la rationalité- qui donnera du sens à cette expérience, mais également une signification plus subjective, plus symbolique, puisque le processus en question est évidemment coloré par les affects, les souvenirs et la personnalité. Cette « digestion » d’informations empiriques ayant lieu en quelques fractions de secondes évidemment…
Etre surdoué peut donc s’expliquer par l’hypersensibilité dans la mesure où cette caractéristique implique qu’un nombre plus conséquent d’informations empiriques que la moyenne soient « captées ». Ce qui impacte sur la richesse de ce qui sera synthétisé dans l’esprit pour être ensuite érigé en conclusion à vocation si ce n’est universelle, du moins plus générale. La pluralité des informations emmagasinées impactera donc sur la finesse d’un jugement porté au  même titre que le nombre de pixels qu’un appareil photo sera capable de restituer aura des conséquences sur la qualité d’une image.
Si cette approche précise et même acérée de l’environnement peut permettre de jeter la lumière des cavités intéressantes voir même nouvelles de ce dernier –d’où le terme de « génie »- elle implique ce même phénomène dans la sphère subjective et c’est là où cela se corse ; Car le mystère que dévoilera une grande lucidité sera autant d’étrangeté enlevé aux arts et les relations interpersonnelles, étrangeté à l’origine de l’élan d’exploration du réel qui nous anime. Dès lors il peut être sain de prendre garde à régler la puissance d’action de ses rayons lasers de lucidité sur la nature d’un objet en question. Comme nous l’avons évoqué, tout simplement pour ne pas le détruire en « asséchant » la passion qu’il provoque par une attraction toujours empreinte de mystère. Mais aussi pour sortir de l’abstraction spéculative au même titre qu’on irait prendre un bol d’air dehors. Dehors, où un cerveau tournant à plein régime d’un flux d’informations arrivant en rafales peut choisir de se laisser porter par les effluves du monde sensible, de façon à ne pas devenir complètement cynique… En définitive, il s’agit de s’adapter à son environnement.
Evidemment, l’hypersensibilité n’explique pas à elle seule la surdouance, puisque dans le cas inverse, n’importe quelle personne émotive par exemple le serait. Cette caractéristique s’accompagne en effet de mécanismes imaginatifs et rationnels venant synthétiser ce que la sensibilité aura sondé plus performants. Ce qui se traduit par une capacité à se représenter les choses même lorsqu’elles ne seraient pas à portée de mains (imagination) et à leur donner de la cohérence en les reliant entre elles -ce qui s’appelle en langage courant « avoir une vue d’avion »- plus rapide et à la mesure du divers des informations empiriques sondées. Tout se passe en fait comme si la matière avec laquelle sont forgés les circuits cognitifs du surdoué conduisait d’une façon exceptionnelle l’électricité desdites informations.

Le surdoué, qui est comme aspiré par le maelstrom de l’intensité de ses émotions (hyperesthésie) et de sa réflexion sur le monde, en oubli de faire preuve de la « dose » de réflexivité qui pourra l’amener à s’interroger sur la façon dont est perçu son comportement au sein d’un groupe social. De sorte qu’il se pose en observateur de celui-ci sans jamais prendre pleinement conscience qu’il en est aussi acteur. Le surdoué a donc ainsi tendance à ne pas adapter son comportement aux codes en vigueur à l’intérieur d’une communauté d’individus ; Parce qu’il est en perpétuel décalage avec leur application à sa personne, mais aussi parce qu’après un long travail d’analyse, il peut être susceptible de les rejeter en partie si ce n’est totalement. Dans tous les cas, cela lui vaut d’être étiqueté comme déviant. 
Ce qui fait écran entre le surdoué et le monde, ce sont donc des normes auxquelles il ne correspond pas ainsi qu’un décalage avec elles, qu’il soit du à un certain enfermement mental ou à leur remise en question. Et bien souvent, la première cause implique l’autre. Qu’il soit disqualifié ou qu’il se disqualifie lui-même en matière de compatibilité avec le commun des mortels, il en résulte de toute façon la même chose : Le surdoué est mis au ban de la normalité, de ce qui est admis par la majorité d’une société comme la voie légitime.
Ce n’est pas tant la différence qui est frustrante pour un surdoué, c’est le formatage qu’il subit afin de correspondre à des normes. Une forme de rejet le ramenant sans cesse à ses différences de sorte à le cantonner à un statut d’individu alors même qu’il existe aussi en tant que membre d’un tout social. Face à un tel sentiment d’impuissance, il s'agit ainsi de puiser exclusivement en lui l’assurance nécessaire pour avoir l’audace d’apporter sa pierre à l’édifice d’une société pour s’y reconnaître à son tour et ainsi s’y sentir partie intégrante. 

vendredi, mai 03, 2013

♫ gOing OUT - sUPERgrASs

Extrait d'un dossier sociologique intitulé : "Qu'est-ce qu'être français en 2013 ?"
Le français en 2013 est appelé à se construire lui-même, à la fois sur le plan moral et celui de l’identité. En effet, avec la dissolution de l’intérêt commun dans l’exercice des libertés individuelles propres au cosmopolitisme, l’Etat ne cesse de perdre en légitimité quant à l’instauration d’une morale publique qui régirait les lois mais aussi les normes sociales et les pratiques d’une société. De ce fait, c’est à l’individu de se donner ses propres valeurs, d’où l’avènement de la télé-réalité, qui consiste à les interroger voire les remettre en question en les expérimentant. 
Il en résulte une dissolution de ce qui illustrait autrefois un destin commun : la cohésion entre ceux qui le construisent. A cela vient s’ajouter une uniformisation du mode de vie qui est du au règne mondialisé des intérêts économiques de chacun. Le libéralisme, puisque c’est de cela dont il s’agit, permet le développement d’un capitalisme ne se préoccupant pas du maintien de la diversité des cultures. Ainsi, les multinationales contribuent à semer le trouble dans l’identité nationale en faisant d’un individu avant tout un citoyen du monde. Cet individu est donc prié d’intégrer correctement en lui toutes ces différentes strates culturelles afin de les homogénéiser et de devenir ainsi sa propre œuvre. C’est tout l’enjeu du modèle actuel de réussite sociale qu’illustre très bien cette phrase typique : « Je me suis fait tout seul. »
Mais si le libre-arbitre quant au rapport à soi est le plus grand défi de cette époque, qu’en est-il du rapport à l’autre ? On peut légitimement être en droit de se dire que celui-ci est délaissé. Or, force est de constater que nous vivons dans un environnement géographique commun, et que nous formons par conséquent un tout social, même si cela n’est plus véhiculé par l’Etat ni par une volonté de vivre ensemble. Pour réhabiliter ce lien d’appartenance, il s’agit de se penser autrement en tant que citoyen. Si nous ne pouvons plus nous reconnaître dans notre environnement social du fait de son hétérogénéité culturelle et de l’obsolescence de ses valeurs, de ses codes et de ses symboles traditionnels, il faut alors en créer de nouveaux, et cela peut se traduire par toutes sortes d’initiatives populaires. Elles auront le même effet bénéfique : un nouveau souffle à la solidarité et à l’identité nationales, qui permettent la pleine réalisation de notre être comme animal social.

lundi, mars 25, 2013

♪ disorder - Joy Division

Tout à l'heure je me disais : "Qu'est ce que je retiens de tout ça ?" Je n'en retiens que ce qui me touche au plus profond de moi. Le reste s'est presque déjà évaporé. 
Nous sommes des sensibilités avant d'être des esprits car les perceptions rendent possible un accès direct au monde épuré de toute synthèse, de tout amalgame. Elles imprègnent donc tout le reste. La science n'est donc qu'une spéculation qui certes tend à l'universalité, mais qui n'en demeure pas moins prise dans la subjectivité de mon mode de perception et l'infini de l'idéal personnel :
La sensation d'avoir une sensibilité à fleur de peau est due au fait que la moindre perception, le moindre choc entrant en résonance naturelle avec la construction de notre être altère la totalité de notre rapport au monde. 
Mon visage n'est qu'une interface entre les autres et ce que je suis en moi-même. Et cette interface n'exprime pas un millionième des songes qu'elle abrite, dont la plupart sont même inconnus à ma propre conscience. Elle n'en est qu'une traduction pudique et régentée par les normes sociales, justement parce que c'est elle qui va au front de la confrontation au réel. Confrontation qui ne demande qu'à être sans cesse refaçonnée par le surréalisme de mes émotions et de mon imaginaire. Comme un retour à la spontanéité mais sous une autre forme, celle d'une sensibilité interne qui instinctivement, me fait avaler la pilule de ses propres désillusions. 
Dialectique de la solitude.
                                                      L'esthétique transcende l'éthique. Le beau se fiche éperdument du fouillis des convictions dont nous nous revendiquons sans cesse ou du baratin de ceux qui prétendent détenir le joyau pur de la morale : Il n'existe que par cet instant magique que nul ne peut théoriser. Cet instant contingent où le monde intellectuel et le monde sensible fusionnent dans l'imagination pour nous faire entrevoir ce que c'est d'être pleinement vivant. Equilibre. 

Poésie encrée dans cette époque. Poésie si somptueusement malade.

jeudi, janvier 24, 2013

♭ Nami, Nami - azaM Ali


L'extrait de mon commentaire d'un texte d'Alberti, artiste de la renaissance fervent défenseur de la "causa mentale", faisant de la peinture un art à part entière.
La peinture ne serait pas qu’une représentation de la réalité qui tirerait son caractère fascinant de la beauté qu’elle lui ajoute, elle serait aussi poésis, création. En effet on peut aussi considérer la représentation de l’univers, et pas que par la peinture, comme une autre façon de le concevoir, qu’elle nous soit propre ou élaborée à partir d’une idée extérieure. Même si cette conception nouvelle de l’univers se calque bien entendu sur ce que nous connaissons, elle en est une extension, susceptible de réinventer ses propres représentations, Chagall, par exemple, dans beaucoup de ses tableaux, abandonne toute notion de perspective et d’attraction terrestre. Alberti pense ainsi que c’est la singularité de la grille de lecture de notre environnement qui ferait de l’artiste manuel, un créateur. Créateur au sens d’inventeur d’un autre univers, mais aussi de ce que cette démarche implique, c’est-à-dire la vie. La représentation des actions, même en lui ajoutant par exemple d’infimes nuances de couleur, en modifierait l’éclairage donc l’interprétation. Or, la subjectivité de l’art a ceci d’intéressant que si elle a été conçue sous le prisme du créateur, peut vivre sous une multitude d’autres. D’où l’automaticité de l’admiration d’oeuvres manuelles ; Chacun pouvant retrouver en elles au moins un élément évoquant un souvenir ou une esquisse de l’imagination, de sorte à pouvoir se l’approprier et à le faire vivre de par le sens qui lui est donné. Selon Alberti, l’interprétation d’une de ces œuvres, consisterait également en un exercice de la sensibilité qui ne pourrait être rendu possible qu’avec une certaine connaissance théorique de la discipline en question. Connaissance de ses différentes techniques ainsi que du travail des teintes, induisant que l’amateur, en percevant l’œuvre dans toute sa subtilité, puisse s’approprier d’autant mieux son contenu. Il s’agirait alors d’une intégration complète de l’œuvre en l’esprit qui à ce stade donne lieu à une intensité du rapport à elle s’apparentant au domaine du ressenti. Le peintre aura alors réussi l’exploit de nous transporter dans un univers soumis à des représentations que nous ignorons et qui pourtant nous touche, impliquant simultanément des figures familières et le pouvoir de leur réinterprétation par l’intellect. Le pouvoir de réinterprétation de l’artiste à l’origine de cet univers s’élève au dessus du nôtre, c’est lui qui guide les images et les ressentis, de la même façon que nos actes sont influencés voire déterminés par les lois naturelles ou divines.
Récent Ancien Base