Eléments

jeudi, mai 23, 2013

♭ Clones - archiVe


L’universalisme consiste à plaquer un ensemble de règles que l’on estime constitutives de la nature humaine sur des individus. Mais comment être sûr qu’établir leur nécessité absolue ne s’apparente pas à un découpage dans le réel ? Comment être sûr que cet ensemble de règles ne soit pas conditionné par l’aléatoire du monde sensible ou même de notre propre raison ? Contrairement à ce qu’avance Kant pour poser les axiomes d’un système de pensée cosmopolitique, la raison n’est pas neutre ! Non seulement parce qu’elle n’est pas un fonctionnement qu’on puisse établir comme nécessairement universel mais parce qu’elle est elle-même un découpage dans le réel de principes particuliers. (Et si nous ne nous en rendons pas compte, c’est que nous ne pouvons appréhender aucun autre fonctionnement mental que le nôtre, preuve qu’il est bien contingent.)
 Elle a un fonctionnement qui est certes indépendant du monde sensible, mais pas pour autant universel étant donné le fait qu’il ne soit pas nécessairement commun à tous les êtres capable d’appréhender la notion de vérité. La sensibilité et les instincts sont peut-être inhérents à l’empirisme, mais tout aussi riches dans les pensées qu’ils nous délivrent que la raison. Ce faisant ils nous montrent la réalité sous d’autres facettes qui sont elles aussi des vérités car elles font partie de nous. En conséquence, je ne pense pas que percevoir les autres par le prisme de ses affects soit aliénant. C’est ne s’en référer qu’à eux qui l’est, de sorte à ignorer ses instincts et sa raison, qui font également partie intégrante de notre nature humaine. Pour la préserver, il s’agit de trouver un équilibre entre ces trois éléments. Etre un monstre, c’est en quelque sorte une affaire de mauvais dosage. 
Et même en admettant que la raison soit par essence universelle, elle reste influencée par l’imaginaire et les affects; D’où le fait que la métaphysique, qui consiste à élaborer des systèmes scientifiques avec pour seul fondement la spéculation, soit si contestée. On pourrait même considérer que du point de vue évolutionniste, si un corps physique s’adapte aux besoins de l’homme, il n’y a aucune raison logique pour qu’il n’en soit pas de même de la spiritualité, mais ce serait déjà accorder bien trop de confiance à ma raison que de conjecturer ainsi. Toujours est-il que la vérité, qu’elle soit rationnelle, sensible ou pragmatique serait donc toujours un réceptacle de notre contingence. Par conséquent, l’universalisme ne se fonde sur rien qui soit universel, et ne peut donc prétendre nous faire appréhender notre propre nature en elle-même, c’est à dire objectivement et a fortiori ce qui est bon pour elle.
En dernière instance, l’universalisme comme seul horizon revient à ne vouloir voir en l’autre que ce que nous connaissons déjà. Il s’agit en fait de se rassurer quant à ses imprévisibles contingences en tentant de le démystifier à l’aide de règles scientifiques qui sont en fait un ensemble de normes et de croyances admises de tous qu’il faut sans cesse interroger, au même titre que l’art est un façonnement des sens.
Récent Ancien Base