Eléments

jeudi, janvier 24, 2013

♭ Nami, Nami - azaM Ali


L'extrait de mon commentaire d'un texte d'Alberti, artiste de la renaissance fervent défenseur de la "causa mentale", faisant de la peinture un art à part entière.
La peinture ne serait pas qu’une représentation de la réalité qui tirerait son caractère fascinant de la beauté qu’elle lui ajoute, elle serait aussi poésis, création. En effet on peut aussi considérer la représentation de l’univers, et pas que par la peinture, comme une autre façon de le concevoir, qu’elle nous soit propre ou élaborée à partir d’une idée extérieure. Même si cette conception nouvelle de l’univers se calque bien entendu sur ce que nous connaissons, elle en est une extension, susceptible de réinventer ses propres représentations, Chagall, par exemple, dans beaucoup de ses tableaux, abandonne toute notion de perspective et d’attraction terrestre. Alberti pense ainsi que c’est la singularité de la grille de lecture de notre environnement qui ferait de l’artiste manuel, un créateur. Créateur au sens d’inventeur d’un autre univers, mais aussi de ce que cette démarche implique, c’est-à-dire la vie. La représentation des actions, même en lui ajoutant par exemple d’infimes nuances de couleur, en modifierait l’éclairage donc l’interprétation. Or, la subjectivité de l’art a ceci d’intéressant que si elle a été conçue sous le prisme du créateur, peut vivre sous une multitude d’autres. D’où l’automaticité de l’admiration d’oeuvres manuelles ; Chacun pouvant retrouver en elles au moins un élément évoquant un souvenir ou une esquisse de l’imagination, de sorte à pouvoir se l’approprier et à le faire vivre de par le sens qui lui est donné. Selon Alberti, l’interprétation d’une de ces œuvres, consisterait également en un exercice de la sensibilité qui ne pourrait être rendu possible qu’avec une certaine connaissance théorique de la discipline en question. Connaissance de ses différentes techniques ainsi que du travail des teintes, induisant que l’amateur, en percevant l’œuvre dans toute sa subtilité, puisse s’approprier d’autant mieux son contenu. Il s’agirait alors d’une intégration complète de l’œuvre en l’esprit qui à ce stade donne lieu à une intensité du rapport à elle s’apparentant au domaine du ressenti. Le peintre aura alors réussi l’exploit de nous transporter dans un univers soumis à des représentations que nous ignorons et qui pourtant nous touche, impliquant simultanément des figures familières et le pouvoir de leur réinterprétation par l’intellect. Le pouvoir de réinterprétation de l’artiste à l’origine de cet univers s’élève au dessus du nôtre, c’est lui qui guide les images et les ressentis, de la même façon que nos actes sont influencés voire déterminés par les lois naturelles ou divines.

mardi, janvier 08, 2013

♫ Obviously Five beLievers - Bob Dylan

J’ai envie de commencer vigoureusement l’année par un autre phénomène qui me révolte. Certes, je ne fais que ça. Non seulement j’ai une aversion considérable pour la lâcheté qui consiste à ne pas vouloir exprimer ses convictions profondes, mais c’est bien parce qu’elle est très répandue que des gens comme moi doivent s'y atteler. Des gens qui n’ont rien à perdre, et surtout pas l’illusion de relations sociales enrichissantes.

J’ai découvert il y a peu, l’immensité de la supercherie de ce système pénal qu’on veut nous présenter comme universel. La prison part pourtant d’une saine intention : Il s’agit d’exercer un pouvoir coercitif sur le condamné qui fragmente son temps en diverses activités obligatoires pour lui inculquer une discipline. Celle-ci permettra dans le cadre d’un espace restreint de pouvoir ensuite décomposer ses gestes pour y repérer les différences avec l’idéal disciplinaire standard. Cette méthode qui conditionne le corps pour redresser l’ensemble de l’individu a pu donner naissance aux sciences sociales, qui l’évaluent également à partir de normes en vue de discerner ses anomalies et les corriger.
Mais, depuis plus de trois siècles que la prison existe, jamais ne fut abordée réellement dans le débat public la question de son efficacité, en terme de lutte contre les intérêts de la délinquance, mais aussi de victoire morale. Or, il est évident que la prison, en plus de ne pas avoir d’impact réel sur l’insécurité, n’en a pas plus sur la mentalité des délinquants. Si la pénalité disciplinaire limite par exemples les infractions au travail ou sur la route, où on nous prend pour des vaches à lait, c’est parce qu’elle s’applique à des gens qui la redoutent pour leur avenir professionnel ou financier. Aucunes perspectives d’avenir dans un lieu clos et ultra-réglementé où l’âme ne peut voguer vers des horizons plus poétiques. Cette oppression constante fait macérer des envies teintées de rancœur plutôt que d‘inciter le condamné à réfléchir sur ses méfaits.
Alors qu’il s’agirait au contraire de lui montrer l’erreur et de lui transmettre un mode de vie profitable à la société ! Comme le dénonce subtilement Foucault dans « Surveiller et punir », l’enjeu est bien celui de l’intérêt collectif. Et pour qu’il soit préservé, le projet des réformateurs des lumières était à mon sens le plus intelligent, mais aussi le plus juste. Non pas que je sois de ces gens de gôche qui les idolâtrent, cédant au laxisme à la moindre question de société quand Voltaire était profondément haineux du peuple du travail !
Ce projet consistait à mettre en place des place des peines punitives qui contrebalancent l’intérêt du délit ou du crime afin de réactualiser la légitimité du contrat social. Elles sont aussi correctives en ce qu’elles réparent symboliquement la société: travaux d’intérêts collectifs en rapport avec le délit commis. Il s’agit d’un système de signes qui dissuaderait de passer à l’acte par une relation inconsciente de cause, le délit, à effet, la sentence.

 Je pense également qu’il est urgent d’abandonner une prison qui cultive la délinquance en agglutinant la violence et en transformant des infracteurs en bêtes en cage. Hormis les dangers publics, qui devraient d’ailleurs être utilisés au profit de l’avancée de la science en hôpital psychiatrique, la plupart de la délinquance est jeune et livrée à elle-même, faute de travail et de pauvreté intellectuelle. Je n’excuse certainement pas les voitures brûlées ni la dégradation des biens publics dans ces banlieues, qui contribuent à nous diviser plutôt que de combattre la situation dramatique de l’emploi et de l’économie. Il ne faut néanmoins jamais oublier que l’oisiveté est la maîtresse de tous les maux. Avec les bracelets électroniques, on ne peut plus parler de folie : Les travaux d’intérêt collectif, ou réintégrer ces jeunes à notre société en leur donnant une fonction, une utilité plutôt que de les instrumentaliser comme repoussoir ! Punir n’est certainement pas suffisant pour leur faire aimer une France qu’ils ne connaissent qu’à travers la culture McDo, SOS racisme et la stigmatisation.

Récent Ancien Base