Eléments

samedi, décembre 22, 2012

♪ David Byrne & St. Vincent - Ice Age


J‘ai mal au monde. Je veux y hurler tout le désespoir qu’il m’inspire. Comme une atteinte à la pudeur qui voudrait qu’on l’arpente, pour le meilleur et pour le pire. Communauté atomisée par le mode de vie individualiste où l’on utilise l‘idée de progrès pour satisfaire des intérêts purement subjectifs. 
Architecture aseptisée reniant la nature, enseignes lumineuses agressives et panneaux aux couleurs acidulées dégueulasses, symboles de l‘omnimarchandisation. Je dégueule ces concepts tels que je les ressens. 
Et la géométrie de ces murs se dressant dans les airs comme des certitudes. Nos vies coulées dans le béton. Et ce ne sont pas les écoquartiers qui y changeront quelque chose. Ces gens sains d’esprit qui veulent mettre des bouches d’aération dans les murs en prenant soin de border un étang de quelques minables arbustes pour rénover la biodiversité ! Ah ah ah. Il ne s’agit que de se cloîtrer entre des blocs repeints en vert dominant toujours aussi sinistrement une terre rongée par la pourriture de nos lubies si lucratives. Nos routes englouties sous le lichens sauvage. Je me plaît à rêver d’une contrée où l’obsédante optimisation du confort propre à la toute-puissance de l’intelligence humaine se marierait avec la beauté puissante de notre planète. (Non de notre « environnement », criminel euphémisme d’une interdépendance cohérente) Un peu comme dans la dernière américanisation en date, saine, pour une fois. Le Hobbit abordait précisément l'importance du chez-soi. L'on y voit des habitacles enracinés, parfaitement intégrés aux singularités verdoyantes. L’homme de cette époque est un enfant capricieux qui s’imagine qu’une nature dont émane une culture sont des dus ne nécessitant aucun respect, aucune harmonie, aucune intégration. 

Le monde est régit par des relations complexes de pouvoir. Il n'est pas manichéen, avec dominants d'un côté et dominés de l'autre. A nous d'oeuvrer à l'intérieur du pouvoir pour transformer ces relations à notre avantage.
 Internet est un des éléments de cette stratégie de résistance. 
"Je n'éprouve pas seulement le dégoût indifférent d'un regard offensé, ni simplement le chagrin que suscite un paysage profané, mais bien un douloureux pressentiment du chancre qui rongera les racines de notre grandeur nationale après qu'un tel  traitement aura été infligé à notre sol (...)."
John Ruskin, Les sept lampes de l'architecture

lundi, novembre 26, 2012

♭ UtopiA - golDfrapp

A l'heure où nos valeurs sont remises en cause dans le cadre du démantèlement de notre culture commune, nous sommes appelés à nous construire par nous-mêmes. L'heure n'est plus aux héros populaires. La technologie, sommum du cool et signe de réussite sociale véhiculé par la pub, a donc vocation à nous magnifier.

La nouvelle technologie, en plus de receler capacité de contrôle et aura de savoir, voudrait également être un art. Ainsi elle revêt une apparence jouant avec les textures, les couleurs et les proportions au même titre que n’importe quelle création artistique. L’on en oublierait presque sa vocation utilitaire, notamment avec le téléphone portable qui en plus d’être multifonction est devenu intrinsèquement désirable par son aspect toujours plus futuriste. C’est comme s’il y avait une volonté de nous projeter dans une autre époque, surpassant le surréalisme des années 20 dans son approche nouvelle de questionnement quant à l‘esthétique. Nous avons dépassé le stade de la provocation avec l’urinoir de Marcel Duchamps : La publicité a dépassé le concept de musée en présentant l’objet avec un soin rendu possible par une sophistication propre à la nouvelle technologie qui finie par s’apparenter à de l’art.
De plus, l’objet de notre quotidien présenté comme ayant une valeur artistique en posséderait véritablement une. Preuve en est l’engouement actuel pour le changement régulier de téléphone portable. Ce changement qui vise à l’actualisation domestique de l’avancée technologique repose également sur la considération que son apparence la traduirait. Ce luxe suprême de représentation détaillée du savoir fait de la machine un signe de richesse. L’art contemporain qu’est la technologie domestique n’émane donc plus du traditionnel façonnement des sens, mais de cet objectif de représentation. Enfin, visionner les dernières publicités pour appareils photo nous amène à constater que la technologie peut tendre à être un nouvel art de vivre. En effet, elle y est toujours présentée comme pouvant nous apporter le supplément d’appréciation d’un moment « unique » lors de sa capture. Celle-ci nous permettrait de percevoir ce moment sous un angle optimalisé voire même différent, selon les paramétrages effectués de l‘appareil : Il s’agit de nous offrir un prisme de vie que l’on peut singulariser pour ainsi dire à l’infini selon ses sens, comme on rajouterait une touche de violet sur une toile. L’on peut considérer cette démarche comme une autre façon d’oublier le propre de la technologie : la standardisation dans tout ce qu’elle a de répétitif et d’impersonnel.

dimanche, octobre 28, 2012

♪ La tordue - LE Zèle Des ÎLes





La colère et l'adversité sont mes moteurs. 
Elles fabriquent ma rage d'y voir clair. Tout est issu du sentiment, avant même de rationaliser et de contextualiser son objet pour se l'approprier. Comme le dit Christian Bobin, les mots ne sont que la pudeur, le vernis d'une ambiance s'imposant à nous comme une évidence. Le sentiment est une adventice de la passion, mêli-mêlo de perceptions et d'émotions diffuses et passives qui finissent miraculeusement par converger en un même point. L'expérience empirique de la vérité. Les gens sont mes cobayes. 

dimanche, septembre 23, 2012

♫ The settIng Sun - MADI

Me revoilà. Toujours plus tarée, arrogante et sensible. Décidée à repartir sur de bonnes bases universitaires. Celles de la détermination, avec principes d'intériorité comme guide. Mais aussi de la rigueur, me faisant le plus défaut: Une vie est une perpétuelle évanescence. Rien que des amas de vérités qui surgissent parmi tant d'autres pour se dissiper dans le non-sens comme des pétards retombant sur un lac. Et dans un élan aussi démentiel que désespéré, parfois violent, je souffle sur les braises de ma vie; Tentant de lui redonner une impulsion, une raison d'être au delà des balises de la société, au delà des espérances feintes. Je suis en tête-à-tête avec une seconde nouvelle vie, sans le FN, les romances déchues et tous ces autres éléments d'obsessionnelle que j'avais intégré à ma vie. Les dix semaines d'animation de cet été m'auront confronté à la jeunesse française. Mais la vraie, celle des classes populaires et moyennes, celle dont les racines ont été plantées dans un nihilisme pauvre et amoral. J'ai pu constater, analyser tout l'ennui d'une jeunesse se réfugiant dans l'humour gras, la cruauté et la frime pour tenter de refouler sa futilité et sa paresse. Complaisance revendiquée en l'abrutissement comme nouvel art de vivre, nouvelle religion. Celle que veut l'élite pour pérenniser son emprise sur l'intérêt collectif. L'éducation de la population ne pourra jamais à elle seule décroître les pulsions meurtrières du populisme. Celles-ci doivent aussi faire l'objet d'une répression. Le drame de l'homme est sa condition de solitude jusqu'à la mort. Son attitude en communauté découle de cette notion, vacillant entre égocentrisme et effet de masse, abandon de soi pour une cause transcendante. De là, du bon comme du mauvais peut en émaner, l'enjeu étant de canaliser ces forces paradoxales pour que pragmatisme et passion puissent s'harmoniser. "Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite de vent" disait l'Ecclésiaste. Pas forcément une vanité égocentrique, mais une vanité comme défiance de la nature, exorcisme de sa condition humaine. En repousser les limites matérielles fait partie de cette logique destructrice voire morbide. Mais n'est-ce pas humilité que d'accepter -avec équilibre- cet aspect de la vie ? 

Photo :  Dans l'immeuble où je vis actuellement, l'on ne chie pas sur les codes.

samedi, avril 14, 2012

♭ Lumière du jour - Véronique Sanson

Complaintes d'une fille larguée.
Sasquia... Ce prénom entendu lors d'un séjours estival en colonie de vacances résonne perpétuellement dans ma tête. Il sonne si bien., à la fois raffiné dans la féminité du "ia" et chevaleresque dans l'audace de ses consonnes. Tout ce que j'aime chez la femme; La grâce qui lui est propre, mais pas façon guimauve. 
C'est le prénom que je donnerai à ma fille lorsque les hormones auront pris le dessus sur le bon sens de l'indépendance.(la sensation)
Je suis entourée de zombies. Des êtres si désespérés qu'ils en viennent à se contenter d'une vie sans souffrance pour avoir l'impression de ne rien rater. Si sensibles qu'ils la refusent, se terrant dans l'ataraxie, l'ascétisme ou l'individualisme, ces petites morts, ces limbes dont parlait Lucrèce où l'on est sûr de ne plus rien ressentir, pas même le bonheur. Je préfère encore mes excès conflictuels aux paradis artificiels dans lesquels ils survivent. Mes envies, mes éclats croulent sous ce nihilisme ambiant qui consiste en une lâcheté émotionnelle parfois monstrueuse. Au nom de l'absurdité de la vie dont il découlerait qu'un dépérissement vaille mieux que quelques mécanismes sordides de l'humanité. Je les transcende. Car j'ai besoin d'audace, de passion, de vie ! Ainsi je ne choisis pas la facilité du mensonge, je ne m'immunise pas contre cette humanité. Et je progresserai, harmonisant mon désir de destruction avec les autres, empreints de passion et non de fade calcul. Ma vie sera une fête où l'on célébrera la chance d'être sur terre en composant avec sa condition humaine des bouquets de mille printemps.

mercredi, avril 04, 2012

♪ Mon dieu - Edith piAf

Quand dorment les soleils sous nos humbles manteaux
Dans l'univers obscur qui forme notre corps,
Les nerfs qui voient en nous ce que nos yeux ignorent 
Nous précèdent au fond de notre chair plus lente,
Ils peuplent nos lointains de leurs herbes luisantes 
Arrachant à la chair de tremblantes aurores.

C'est le monde où l'espace est fait de notre sang.
Des oiseaux teints de rouge et toujours renaissants
Ont du mal à voler près du coeur qui les mène
Et ne peuvent s'en éloigner qu'en périssant
Car c'est en nous que sont les plus cruelles plaines 
Où l'on périt de soif près de fausses fontaines

Et nous allons ainsi, parmi les autres hommes,
Les uns parlant parfois à l'oreille des autres.

La fable du monde

Jules Supervielle nous fait la démonstration du miracle de la littérature avec le procédé du surréalisme : Des mots empruntés 
au monde à partir desquels il recréera le sien, au fin fond de l'inconscient de ses rêves d'artiste. La reproduction de la rythmique 
du coeur réconcilie le mouvement d'ouverture vers l'univers du corps avec l'introspection, sa découverte spirituelle. 
Une mise en abyme du royaume nature dont chaque pan est relié à l'autre par les lois du structuralisme.

samedi, mars 24, 2012

♫ Mozart requiem - III. Sequenz: Lacrimosa

Ah ! c'est dans les dangers qu'il faut observer l'homme, c'est dans l'adversité qu'il se révèle : alors seulement la vérité jaillit de son coeur ; le masque tombe, le visage réel apparaît.                                                                           (...) Pareils aux enfants qui tremblent et s'effraient de tout dans les ténèbres aveugles, c'est en pleine lumière que nous-mêmes, parfois, nous craignons des périls aussi peu redoutables que ceux dont s'épouvantent les enfants dans les ténèbres et qu'ils imaginent tout près d'eux. Ces terreurs, ces ténèbres de l'esprit, il faut donc pour les dissiper, non les rayons du soleil ni les traits lumineux du jour, mais l'étude rationnelle de la nature. Et toi, tu hésiteras, tu t'indigneras de mourir ? Tu as beau vivre et jouir de la vue, ta vie n'est qu'une mort, toi qui en gaspilles la plus grande part dans le sommeil et dors tout éveillé, toi que hantent les songes, toi qui subis le tourment de mille maux sans parvenir jamais a en démêler la cause, et qui flottes et titubes, dans l'ivresse des erreurs qui t'égarent.                                                                                                                                                             (...) L'un se précipite hors de sa riche demeure, parce qu'il s'ennuie d'y vivre, et un moment après il y rentre, car ailleurs il ne s'est pas trouvé mieux. Il court a toute bride vers sa maison de campagne comme s'il fallait porter secours a des bâtiments en flamme ; mais, dès le seuil, il baille ; il se réfugie dans le sommeil pour y chercher l'oubli ou même il se hâte de regagner la ville. Voilà comme chacun cherche a se fuir, mais, on le sait, l'homme est a soi-même un compagnon inséparable et auquel il reste attaché tout en le détestant ; l'homme est un malade qui ne sait pas la cause de son mal.
Lucrèce était un philosophe et poète latin  du 1er siècle avant JC adepte de l'école d'Epicure. Il considérait que la mort  est à l'origine des maux de l'homme car elle est pour lui un mal suprême donc inavouable le guidant bien souvent vers la passion, la destruction. Dans cet extrait de "De natura rerum", sa seule oeuvre inachevée visant à la révélation de notre condition humaine, il décrit avec une certaine beauté amère ce vain désespoir. 
L'homme est paradoxe par essence; Sans cesse tiraillé entre orgueil du pied de nez à la mort et autodestruction, 
sacrifice aux passions qu'elle engendre. Au final, on sait qui l'emporte, malgré tous les efforts
 qu'il peut déployer pour polir son être, le rendre plus supportable.

vendredi, mars 16, 2012

♭ After Every party I die - IAMX

Une morale platonicienne chère à l'homme, qui ferait de lui un être authentique, comblé par sa bonne vie. Le paradis artificiel de l'ataraxie. Psychothérapie. Réalisation des moindres désirs ou consommation de masse à l'origine de l'économie. Harmoniser son désir de destruction avec les autres comme Nietzsche. Médocs. L'ascétisme. Une sensation fugace de haute voltige dans les sphères de la jouissance. Sa maximalisation sur les critères de Bentham. Thérapies cognitives. L'hédonisme, subtil calcul de soustraction de la souffrance au plaisir vers le résultat bonheur. Ou pas.
Aristote considérait qu'il existe un certain nombre de biens objectifs chez l'homme relevant de sa nature profonde comme le foyer et la reproduction. L'homme se définissant par l'exercice de sa raison, le but ultime de son bonheur réside dans la politique et les sciences.
Foutaises. Épicure et son maître Démocrite avaient raison, ne nous laissons pas aveugler par le conformisme ou la course aux honneurs du conditionnement social. 
Des éclats de vérité de raison et de sensibilité dans le chaos de l'illusion.
Voilà ce qu'est le bonheur. Des révélations sur le monde qui nous consolent de la mort, dans le respect des méthodes propres aux particularités de chacun pour qu'elles soient rendues possibles.

dimanche, mars 04, 2012

♫ asLEep from dAy - chEmical Brothers

Voici l'extrait d'une analyse que j'ai eu à faire d'un merveilleux livre de Roland Barthes.
L'empire des signes
La relation fond/forme de la civilisation japonaise ne repose pas comme la notre sur l'harmonie mais la déconstruction. Il s'agit dans un premier temps de créer à l'aide de codes ou règles du jeu toutes les conditions qui permettront de s'y adonner avec une volupté proprement artistique. Sauf que ce plaisir est vide de sens. Il n'a pas la présomption d'une finalité métaphysique ou humaniste, comme se plaît à le croire Barthes en l'opposant au capitalisme. Il repose sur le néant de l'orgasme, cette petite mort, quitte à éclipser le plaisir de l'acte en lui-même, déjà épuré du sens. Barthes nous propose une vision sémiologique d'une civilisation qui ne cesse d'en jouer de manière à mettre en déroute nos préjugés sur une relation fond/forme. En effet, l’occidental a la spiritualité du sens pour ligne de conduite. 
Pour lui, chaque élément, même le plus anodin, est lié à lui par un mysticisme ésotérique. Le jeu est particulièrement illustratif de la culture japonaise car il est signe dans le dérisoire, l’esthétisme, mais aussi le symbolisme du rituel. 
Roland Barthes, en théorisant au moyen d’une écriture ciselée sur ce choix de concevoir le monde sous le jour du vide plutôt que du fondement nous démontre qu’il émane paradoxalement d’une volonté. 
Cette volonté obstruant le signifié au profit du signifiant est idéologique, elle reste guidée par le sens.

mardi, janvier 17, 2012

♪ sweet adeline - Elliott Smith

Il est logique quand on est jeune d'être indécis sur ce que l'on veut faire des 70% de sa vie. D'abord parce que cela donne le vertige, et qu'il s'agit de se responsabiliser quant à un parcours bien défini. Difficile de s'accoutumer à ce formatage de l'esprit lorsque l'on sort du monde fantasque de l'adolescence et de l'assistanat du lycée. Pour ma part, j'ai déjà pas mal erré. En découvrant Paris à travers le métier trop abrutissant et mal reconnu de serveuse. Tout le monde n'a pas la même puissance intellectuelle ni la même capacité de passion. A l'inverse, aucun prolétariat ne se sacrifierait pour faire tourner les commerces, les boîtes de services à la personne et les industries. (Enfin, ce qu'il en reste.) Concrètement, je rentre de l'université. J'ai eu 4 en communication.  Cela me désespère, bien que j'ai passé l'âge d'être fascinée par les artifices de manipulation à force de la pratiquer. Je n'ai pas le choix du processus si je veux être considérée comme journaliste un jour; Ce rôle utile de miroir qui consisterait à apporter une vision constructive (non celle du système) de la société grâce à l'aventure de l'investigation. Je me demande souvent ce que  je vais faire de mon être, si exalté et dérisoire à la fois. Je songe de plus en plus à voyagermais avec quel argent ? Nous ne sommes plus en 1960 où faire du stop n'était pas se faire passer pour folle ou pute et un article paraissait dans un journal pour le peu que son contenu soit bon ! Je pense ne pas avoir la volonté de vivre à cette époque. Une époque où le réseau social vaut mieux qu'une culture commune, où des machines se 
substituent aux rapports humains pour motif de praticité. Une époque de comm'* où la forme prime 
au détriment du fond : Ma camarade a obtenu la moyenne en baratinant.


*"Société de consommation", ce n'est plus hype. Maintenant, on dit "société de communication", 
car en plus de se complaire dans le futile, ils le clament à la terre entière.

dimanche, janvier 08, 2012

♫ SlipKnoT - My Plague

" L'ombre représente un solide dont la forme dépend à la fois de celle du corps lumineux, de celle du corps opaque et de la position de celui-ci à l'égard du corps lumineux. " 
Cette citation sonne absurdement relativiste et c'est tout l'enjeu de l'oeuvre. "L'étrange histoire de Peter Schlemihl" est à l'image du conte : manichéen, avec le bien incarné par l'instruction et le mal, qui réside dans les facettes de la facilité, corruption suprême. Ce n'est qu'une façade. Le thème de l'ombre va bien au delà de la morale pour s'inscrire dans la finitude de la condition humaine. Peter Schlemihl aura la volonté de se la rendre  moins absurde en tendant à être un surhomme, tel un insecte recherchant désespérément la lumière.  Il gagnera en effet un impact sur la société grâce à l'argent; N'ayant pas acquis l'indépendance, il ne correspond pas tout à fait au dogme sataniste qui est l'individualisme. Si notre héros voudra retrouver son honneur, c'est moins par respect de son environnement que par commodité : ne pouvant être un surhomme, il a besoin des autres pour exister; Se confronter à leur conscience pour enrichir la sienne. Cette fonction de miroir correspond ici au narcissisme. Il s'agit de la dualité entre "être" et "paraître". Avec cette optique, il fera son entrée dans la bourgeoisie. 
La fascination du prolétariat pour ce qui brille est évoquée;   Peter Schlemihl cherche à la transcender. Cette ascension sociale se soldera comme elle a commencée : l'erreur sur la personne que le culte mondain de l'apparence et du conformisme masque. Mais Peter Schlemihl se connaît-il lui-même ? S'il est tant frustré de ne pouvoir se montrer au monde pour s'y jauger, c'est bien parce qu'il a besoin d'introspection ! L'ombre dans laquelle il sera contraint de vivre lui rappelle combien il est dangereux pour la santé de l'âme de fuir ce que l'on est; Elle représente l'obscurantisme, sa destinée.  Le défi sera d'apprendre à composer avec, loin des passions humaines . . .
Récent Ancien Base