Si le particulier est une façon détournée d’accéder à l’universel, ou du moins à l’intersubjectivité humaine qui est la nôtre (induction), cette dernière se plaque à l’inverse sur le réel par le biais de la morale en grande partie, comme par nécessité de garantir la survie de l’espèce en empêchant les hommes de trop s’entretuer, même si des éclats de vérités peuvent surgir d’événements intenses émotionnellement ou rationnellement, semblables à des comètes traversant le ciel devant nos yeux. Une forme de révélation.
L’universel s’apparente à quelque chose de lointain, de froid et d’étincelant quand le particulier ressemble à ces sentiers de terre bordés de marronniers à travers lesquels transparaît par intermittence la lumière pâle et délicieusement surannée d’un début d’automne. Ces sentiers sont autant de voies remontant vers l’horizon aveuglant et attirant à la fois de l’universel. Autant de disciplines, autant d’arts permettant de s’essayer à ériger des perceptions et des sensations en vérités immuables grâce à un outil intuitif inné. Tous les entrevoient, certains mieux que d’autres, mais avons-nous les moyens d’accéder au grand ordonnancement ?
A cet égard, une chose est claire. La quête effrénée de l’homme vers la vérité, qu’elle soit pluridisciplinaire comme jadis ou dans le cadre de la division du travail et d’une société cybernétique mondialisée comme aujourd’hui démontre qu’il est fondamentalement relié à cette vérité en tant que fragment de ce qu’elle englobe, c'est-à-dire l’univers. Le fait de se sentir connecté de la sorte et de le constater avec une morale s’imposant à nous et les fulgurances évoquées précédemment est pour le moins désarçonnant. Bien sûr, ces connections pour ainsi dire "interfragmentaires" ne sont ni linéaires, ni identiques. Reste que tout est affaire d’équilibre, et pas qu’entre particulier et universel, car la vie est un processus de régulation, même s’il est sans cesse mis à l’épreuve par les lubies de l’homme qui essaye de s’arracher à ces déterminismes par la rationalité. On pourrait considérer, à l’instar des écologistes en vogue, que cette rationalité émanant de l’homme, qui est nature, ce qu’elle mettrait en œuvre aurait forcément une légitimité naturelle. Sauf que la rationalité étant précisément ce qui différencie l’homme des autres animaux donc de la nature, (du moins ce que nous en connaissons à l’échelle de la planète) elle est à fortiori culture, réflexivité de la nature sur elle-même. Si c’est l’homme qui détient cette réflexivité sur la nature, alors il lui appartient également d’en user sur la sienne en trouvant l’équilibre entre sensibilité, raison et instincts.