Eléments

jeudi, septembre 12, 2013

♭ Aphex tWin - phlOam

J'ai reçu un héritage musical très riche de la part de mon père et rien que pour cela, je lui serai toute ma vie reconnaissante. Depuis enfant, j'ai eu la chance d'avoir été sensibilisée à une si grande diversité d'influences musicales qu'elle peut désormais rythmer ma vie, apportant le supplément d'âme adéquat à ses montagnes russes. La musique accompagne mes humeurs et mes pensées, à la fois fidèle à elle-même et en les revitalisant, en leur donnant toujours plus de sens et de saveur. Et même lorsqu'une chanson ne correspond pas à ce qu'il se passe dans ma tête ou mon environnement, c'est comme si elle s'y fondait, de sorte à modifier un état d'esprit ou à me faire envisager une situation sous un autre angle. D'où vient cette souplesse ?
La musique est l'ironie-même. L'évanescence des notes fait d'elle un art dont la légèreté s'accommode de la transcription des mélodies les plus subtiles, donc les plus fortes. Il s'agit d'une beauté suggérée émanant d'un délicieux paradoxe. C'est en cela que la musique est l'art qui parle au plus de monde : sa beauté n'est pas brute, elle se dilue dans la succession des notes, se rendant ainsi accessible dans ses grandes nuances.
Il en est de même concernant le sens d'un morceau : Une histoire est racontée; Comme toutes les histoires, une morale ou un message y apparaît en filigrane. Mais le fait que l'une ou l'autre soit délivré de façon détournée, c'est à dire au sein d'une altérité sans cesse renouvelée par l’enchaînement des teintes musicales (notes en mineur et en majeur) lui confère une universalité à taille humaine, et même intime. Une éternité à la fois immanente à ces teintes musicales en ce que celles-ci relaient une mélodie qui va générer des émotions, et transcendante à elles, car cette mélodie, bien qu'elle résulte d'une technicité instrumentale, est bel et bien le produit d'une intention préalable. Ce qui en fait, même dans la spontanéité d'une improvisation de jazz, quelque chose de rationnel.
Je me suis toujours interrogée sur l'origine de ma grande inclination pour la musique. Je pense qu'au delà de l'habitus ou de mes traits de personnalité, la musique m'est destinée; Elle est d'ailleurs destinée à chacun de nous car elle constitue l'art le plus fascinant qui soit. A la fois frivole dans son insaisissabilité et narrative, elle nous chuchote des vérités à l'oreille.
Si nous sommes insatiables de musique, c'est parce que nous attribuons à la véracité immuable d'un message délivré par une mélodie la légitimité de résonner en nous comme des incantations. 
Car l'anticonformisme est non seulement une forme de conformisme, mais il est à bannir à plus forte raison en musique, dont le message ne peut être délivré qu'avec la mélodie qui lui correspond, faute effectivement de lui faire perdre toute cohérence. Ce qu'il y a de fascinant là dedans, et même dans la musique en général, c'est le lien inaltérable entre rationalité et sensibilité : l'adéquation nécessaire de ces deux choses apparaît de façon parfaitement distincte. Le message, qui n'est délivré qu'à travers ce qu'évoque une succession de notes a quelque chose de très abstrait, certes, mais il n'en n'est pas moins intense émotionnellement pour autant lorsque l'adéquation est respectée. Et c'est ce qui implique que la musique soit à mon sens l'art le plus grand. 


Récent Ancien Base