Eléments

dimanche, juillet 21, 2013

♭ we haven't turned Around - Gomez

Pas plus tard qu’il y a quelques semaines, j’ai encore fait une expérience de pensée saisissante. Le tourbillon bariolé des contingences de la vie est décidément une source d’inspiration inépuisable Il ne cesse de nous révéler à nous-même.
Me voici donc virée par mon responsable animation pour avoir froissé son égo de mâle dans son expression la plus subtile. (Non, on ne me dit pas « dégage », à moi, intelligence.)  Ni une ni deux, je prends mes clics et mes clacs et me tire du camping en question, préférant m’affranchir de cette situation malsaine quitte à dormir dehors plutôt que de la laisser pourrir davantage dans un face à face grotesque. Je me rappellerai toujours de cette scène tragi-comique où je décidai de n’emporter de la bouffe que j’avais acheté que le strict minimum à ma conservation, démontrant mon détachement total du confort matériel pour lequel avait opté mon responsable en mettant fin à ma période d’essai. Et lorsque je quittai le chalet où nous étions agglutinés, j’adressai un joyeux et non sans ironie « Adieu » à mon collègue qui vivait cet instant en différé, arc-bouté sur son ordinateur
 Ce moment fut nietzschéen. La victoire de l’intrépidité sur les ressentiments larvés. Le oui à la vie et tout son fatras, par delà le bien et le mal, comme antiseptique à la laideur humaine. J’ai une vision plutôt kantienne de l’existence et du fonctionnement de la morale. La justice, qui comme nous l’avons évoqué précédemment émane de la raison sous la forme du respect, est une loi inconditionnée qui doit prévaloir dans les rapports humains en tant qu’affranchissement de la nature nécessaire à notre pleine réalisation. Une fois cette rationalité de cœur appliquée, la sensibilité et les instincts n’auront qu’à coloniser les vides laissés par la raison de sorte à recréer au sein de la nature un enracinement maintenant ainsi l’homme dans l’équilibre auquel il se destine. 
Seulement, quelque chose de plus grand encore transcende la règle morale devant régir les rapports humains. C’est que cette règle régit l’ensemble de l’univers. C’est la vie.  L’autre jour, je me suis retrouvée au soir à près de 500 bornes de chez moi sans argent, sans voiture, sans personne à l’horizon pour venir m’aider. Et pourtant, je suis allée au devant de tous ces obstacles et m’en suis tirée. Et je suis convaincue qui si tout s’est à peu près goupillé pour que j’y arrive, c’est parce que je suis en bonne santé. 
Avoir la force de ne m’en remettre qu’à mes seules ressources pour composer avec cette situation m’a démontré que quoi qu’il se serait passé de plus malencontreux, j’aurais poursuivi avec fougue car je suis mue par la volonté de puissance: Une croissance instinctive en opposition au déclin de la maladie dont le symptôme aurait consisté par exemple à me poser en victime. Dieu m’en garde, je ne suis pas plus rongée par les remords que par la rancœur. Bien que des relations puissent être définitivement brisées -le pardon étant affaire de sensibilité- la cicatrisation de mon âme est faite. Mais ça n’est pas pour autant qu’un préjudice ne sera pas vengé par une fidélité envers la morale qui m’habite si l’occasion se présentait. Or, ce qu’on appelle l’ironie du sort s’arrange toujours pour nous mettre face à ce qui ne tourne pas rond en nous. La nature, dont les rouages peuvent être parasités par la technique, demeure si bien faite !  
   
Récent Ancien Base