Eléments

mardi, avril 28, 2015

♭ CHERUBS - aRAb Strap

Kant a été le point de départ d’une révélation philosophique et politique fondamentale. A savoir l’existence d’une morale universelle (applicable en tout temps et en tout lieu) qui émanerait de la raison. Le fait que Kant ait réussi à dégager les fondements de l’injonction lancinante de justice sociale qui jalonne l’histoire fait l’objet de mon admiration. Je pense que cette injonction doit présider à l’établissement de toute politique digne de ce nom en tant qu’elle fasse partie intégrante de l’homme, (et ce pour des raisons qui semblent néanmoins relever du miracle !) Néanmoins, sa faute a été de considérer que seule la raison devait y présider, alors même que la sensibilité et les instincts font également partie du logiciel humain, de sorte à étendre l’utilisation de la raison à l’ensemble des sphères de la politique. Ce qui implique une vision purement rationnelle de la politique qui au prétexte de se faire le défenseur des seuls de l’homme devient paradoxalement déshumanisante. Ce travers dans lequel est tombé Kant et dans lequel tombent la plupart des philosophes, c’est celui qui consiste, sous l’impulsion d’une trop grande joie d’avoir découvert un schème logique, à le généraliser à l’ensemble d’un système de pensée. Si bien que le territoire, que recoupe la notion d’appartenance identitaire propre à la fois à la sensibilité (sens de la cohésion) et aux instincts (identification à un territoire donné) se retrouvera par exemple purement et simplement ignoré. C’est la raison pour laquelle je ne considère pas Kant comme pertinent pour ce qui concerne l’écologie. Du moins si on l’entend par écologie profonde, à savoir le fait de s’élever contre l’anthropocentrisme qui consiste à appréhender le monde en tant que simple objet de jouissance humaine. Cette façon d’étendre la rationalité à l’ensemble des domaines de la pensée, et même la notion de raison elle-même, ne sont en effet pas compatibles avec un respect des lois fondamentales de la nature à laquelle s’apparente l’écologie profonde. Car ce respect n’est pas à être envisagé en terme de morale humaine, mais en terme d’éthique, qui elle a vocation à mon sens à faire la jonction entre l’homme et son environnement de sorte à dépasser les particularités de son propre statut. D’où le fait d’ailleurs que l’on parle de bioéthique… Une fois cette vision englobante acquise, une politique écologique responsable pourra être instaurée dans le sens où elle prendra en compte l’ensemble des composantes d’un écosystème.

La contrepartie de la démocratisation accrue du bio, c'est évidemment qu'on assiste a son industrialisation, ce qui sonne comme un paradoxe... à juste titre. Si beaucoup pointent du doigt en effet ce marketing vert (souvent pour justifier le fait de rester les bras croisés, soyons clairs) je pense qu'il faille le considérer comme une phase de transition consistant a populariser la notion de consommation plus raisonnable (c'est un peu le même principe que l'agriculture raisonnée) en vue d'une troisième phase, qui consistera je l'espère en un basculement vers un changement radical : celui de la mise en place d'une politique localiste.
J'assume pleinement cette vocation d'endoctrinement que doit avoir l'école concernant les enjeux écologiques, en ce qu'il serait temps d'avoir en tête que choisir un modèle de société, ça n'est pas que le jour d'une échéance électorale, mais que cela s'apparente a une lutte au quotidien : Chacun de nos achats conditionnant ce modèle, a plus forte raison dans un contexte économique de concurrence marchande féroce. D'ici a 2022, lorsque le FN accèdera au pouvoir et rétablira l'équilibre entre intérêt général dont une politique patriotique (et donc localiste) serait garante et loi de l'offre et de la demande, nous devons nous servir de cette dernière pour peser de tout notre poids de commacteurs sur la grande distribution de façon a préparer le terrain pour les actuelles et futures générations.

Lorsqu’un croyant me dit que je cherche encore, je réponds que j’ai trouvé que je cherchais. Le scepticisme peut se suffire à lui-même, et à plus forte raison lorsqu’il s’agit de métaphysique. J’ai une vision somme toute très plotinienne de cette dernière, en ce que je considère que la finitude de notre composition (terme beaucoup plus vague que celui d’âme vous le remarquerez) ne nous permette que d’intuitionner la force à l’origine du miracle de nos conditions de vie. A la manière d’un papillon attiré par le faisceau lumineux d’un réverbère, nous somme éblouis par la perfection de ces dernière sans pouvoir rendre commensurable pour autant ce qu’il en est de ce qui l’a impulsé de facto. Ce vertige est peut-être à la mesure de son objet. Tolstoï dans sa confession aura une image très parlante à cet égard : C’est comme si nous contemplions le ciel et avions la sensation d’y tomber. De sorte que dans cette chute, nous cherchions désespérément des choses auxquelles se raccrocher. Métaphore de la religion en tant qu’elle consiste à s’autopersuader d’une vision claire et distincte de la cause ultime de ce qui est d’une trop grande structuration et d’une trop grande beauté pour être le fait d’un hasard statistiquement probable, même à l’échelle de l’espace-temps du cosmos. Autopersuasion de pouvoir appréhender cette cause ultime pour sauver sa peau du doute comme on dirait ostensiblement à qui veut l’entendre « Dieu est un pote à moi ». Voilà à quoi ce résume la grâce de cette démarche.
Cette Terre, c’est grâce à elle que nous ne tombons pas dans le ciel. Elle qui recèle la vie, nous offrant ainsi le prisme par lequel appréhender toutes les questions sous-tendues par ce texte. Sans elle, Dieu ne saurait exister dans nos esprits, de sorte que nous inférons son existence par son biais. Seulement, on ne saurait se permettre de prétendre connaître et encore moins d’aimer un artiste par son oeuvre, si ce n’est l’une d’elles. Humilité, que diable !
Dans ce contexte, l’écologie représente pour moi ni plus ni moins que la meilleure religion qui soit pour nous, humains. Elle est le rapport le plus sincère que l’on puisse entretenir avec Dieu, dans la mesure où sans tomber dans une grandiloquente vulgarité consistant à fantasmer son existence elle se contente de rendre hommage à la nôtre, dont le sens tombe sous le sens. A ce titre, l’étrange adéquation avec la nature dont témoigne notre capacité à l’appréhender sous le prisme de l’esthétisme serait la meilleure preuve que le sens de la vie, humain qu’il est, réside en elle.


 
Récent Ancien Base